Depuis un mois, la liberté de la presse est fortement limitée au Soudan, alors que fusent les critiques internationales à l’endroit du gouvernement soudanais au sujet de la crise des droits de la personne au Darfour. Un journaliste a été assassiné, deux reporters étrangers ont été inculpés d’espionnage et plusieurs journalistes locaux sont harcelés et […]
Depuis un mois, la liberté de la presse est fortement limitée au Soudan, alors que fusent les critiques internationales à l’endroit du gouvernement soudanais au sujet de la crise des droits de la personne au Darfour. Un journaliste a été assassiné, deux reporters étrangers ont été inculpés d’espionnage et plusieurs journalistes locaux sont harcelés et passés à tabac par la police, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le 5 septembre 2006, Mohammed Taha Mohammed Ahmed, rédacteur en chef du quotidien privé « Al-Wifaq », a été enlevé et décapité par des individus armés près de la capitale, Khartoum. Mohammed Taha, 50 ans, était un islamiste et ancien membre du Front islamique national, font remarquer la FIJ et le CPJ.
Il avait auparavant soulevé la colère des islamistes en faisant paraître un article qui remettait question la généalogie du Prophète Mahomet. Il avait aussi tenu des propos critiques au sujet de l’opposition politique et des groupes armés au Darfour. En mars, des assaillants non identifiés ont incendié les bureaux de « Al-Wifaq », endommageant gravement l’immeuble. Les auteurs de ces attentats n’ont jamais été identifiés.
Au cours des deux derniers mois, deux journalistes étrangers ont été inculpés d’espionnage après être entrés au pays sans visa. Tandis que la crise humanitaire prend de l’ampleur au Darfour, fait remarquer RSF, les autorités soudanaises rendent encore plus difficile pour les journalistes étrangers l’obtention de visas d’entrée. Par conséquent, un grand nombre d’entre eux tentent d’aller au Darfour en entrant au Soudan de manière clandestine, c’est-à-dire par le Tchad voisin.
Paul Salopek, un reporter primé du « Chicago Tribune », a été accusé le 26 août d’espionnage, de diffuser illégalement les informations et d’écrire de « fausses nouvelles ».
Il a été relâché le 9 septembre à la suite d’une rencontre entre le Président Omar Al Bashir du Soudan et Bill Richardson, ancien ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies. L’interprète de Salopek, Suleiman Abakar Moussa, et son chauffeur Idriss Abdelrahman Anu, également inculpés des mêmes charges, ont aussi été relâchés. Les accusations contre les trois hommes ont toutes été abandonnées.
Un photographe pigiste slovène et conseiller auprès du président de la Slovénie, Tomo Kriznar, a été détenu au Darfour le 19 juillet. Il a été condamné le 14 août à deux ans de prison pour espionnage et aussi pour être entré illégalement au pays. Il a bénéficié d’un pardon le 2 septembre à la suite de négociations entre les autorités et des officiels slovènes.
Les journalistes locaux sont également visés parce qu’ils couvrent la crise du Darfour, constate RSF. Naser Eldien Ahmed Altayeb, du quotidien privé en langue arabe « Al-Ayam », a été arrêté le 16 août et sévèrement tabassé par environ 20 policiers.
Il avait traité d’un incident survenu à Dar es-Salaam au cours duquel des réfugiés du Darfour et du sud du Soudan ont été évincés de terres qu’ils occupaient depuis 20 ans après que celles-ci eurent été vendues à un promoteur immobilier égyptien.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=18845
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=4182&Language=FR
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/mideast/sudan06sept06na.html
– Jour mondial de la campagne sur le Darfour : http://www.dayfordarfur.org/index.asp
– Amnistie Internationale : http://web.amnesty.org/pages/sdn-index-eng
– Le Darfour risque la catastrophe : http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/5336540.stm