Les groupes régionaux et internationaux de défense de la liberté de la presse exigent que le gouvernement arménien lève immédiatement l’état d’urgence qui interdit toutes les manifestations et les reportages indépendants. L’état d’urgence a été imposé après que la police eut utilisé une force excessive pour disperser des manifestations de l’opposition dans la capitale. D’après […]
Les groupes régionaux et internationaux de défense de la liberté de la presse exigent que le gouvernement arménien lève immédiatement l’état d’urgence qui interdit toutes les manifestations et les reportages indépendants. L’état d’urgence a été imposé après que la police eut utilisé une force excessive pour disperser des manifestations de l’opposition dans la capitale.
D’après le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), la Fondation pour la défense de la glasnost (Glasnost Defense Foundation, GDF), Human Rights Watch, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Freedom House, l’escouade anti-émeute de la police de Erevan a fait usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau, de matraques et de bâtons électriques, en plus de tirer en l’air pour disperser un rassemblement qui s’est tenu le 1er mars. Les manifestants se rassemblaient pour une onzième journée de protestation contre les résultats officiels de l’élection présidentielle, qui selon eux aurait été truquée.
Huit personnes ont été tuées et plus de cent autres ont été blessées dans les affrontements qui ont éclaté samedi, après que les forces de sécurité eurent évacué du centre de la ville un camp de protestation de l’opposition.
À la suite de cette opération de répression, le président sortant Robert Kocharian a décrété l’état d’urgence dans la capitale, qui doit rester en vigueur jusqu’au 20 mars, qui interdit les rassemblements publics et qui exige que les reportages sur la politique national, ne comportent que les informations officielles.
D’après Human Rights Watch, le 1er mars, la police a encerclé et bouclé l’immeuble abritant l’agence de nouvelles d’opposition A1+, empêchant du coup les employés d’y entrer ou d’en sortir.
Dans un cas, Human Rights Watch rapporte que le journaliste Gagig Shanshan a été arrêté et détenu dans un poste de police local sans avoir accès à son avocat. Le principal candidat de l’opposition, Levon Ter-Petrosian, a en effet été assigné à résidence, tandis que la police encerclait son domicile. Au moins six dirigeants d’opposition ont été détenus pour avoir organisé des manifestations illégales, indique Human Rights Watch.
L’Internet et les liaisons par satellite ont été coupées à Erevan, et plusieurs sites web de nouvelles, indépendants et d’opposition, ont été bloqués, notamment les sites de A1+ et des journaux indépendants « Aravot » (« Le Matin ») et « Aikakan Zhamanak » (« Le Temps de l’Arménie »), rapporte le CPJ. Le service arménien de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), financée par les États-Unis, a également été bloqué.
En signe de protestation contre les restrictions, quelques-uns des grands journaux arméniens n’ont pas paru le 4 mars, signale l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
« L’état d’urgence ne doit pas servir au gouvernement à éliminer le droit du public à l’information en provenance de sources diversifiées. Le journalisme pluraliste contribue à assurer la transparence de l’action gouvernementale, même en des temps extrêmement difficiles », a déclaré Miklos Haraszti, Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias.
On rapporte que des manifestants sont disparus, et leurs proches ont peu accès à l’information sur les leurs en raison du black-out des nouvelles, signale Human Rights. « Les autorités arméniennes devraient rendre publique rapidement la liste des victimes, ainsi que les noms des personnes arrêtées et les endroits où elles sont détenues. Les autorités ne doivent pas utiliser l’état d’urgence pour restreindre inutilement la liberté de l’information », ajoute Human Rights Watch.
Les résultats officiels accordent à Serzh Sarkisian 53 pour 100 des voix, tandis que Ter-Petrosian, l’ancien président, aurait obtenu 21,5 pour 100 des suffrages.
Les observateurs internationaux ont estimé que l’élection dans cette ancienne république soviétique du Caucase était « essentiellement conforme aux engagements internationaux ». Mais la GDF et Human Rights Watch ont documenté plusieurs cas d’agressions contre des observateurs de l’élection et des journalistes aux abords des bureaux de scrutin le jour de l’élection. Selon l’opposition, le déroulement du scrutin a été entaché en faveur de Sarkisian, un proche allié de Kocharian, qui ne peut, en vertu de la constitution, solliciter un troisième mandat.
Selon les correspondants de la BBC, l’agitation risque de déstabiliser un allié important de la Russie, situé entre la mer Caspienne riche en énergie et les marchés de l’Europe.
Consulter les sites suivants :
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/28ksgd
– Page de Human Rights Watch sur l’Arménie : http://tinyurl.com/yob25c
– CJES : http://www.cjes.ru/lenta/?year=2006&lang=eng
– CPJ : http://tinyurl.com/yre67w
– Freedom House : http://tinyurl.com/22mpw4
– GDF : http://www.gdf.ru/digest/digest/digest369e.shtml
– OSCE : http://www.osce.org/item/29995.html
– BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7273497.stm
(Photo courtoisie de AFP)
(4 mars 2008)