JED demande au Premier ministre de prendre un engagement solennel de tout mettre en œuvre pour redorer l’image démocratique du pays ternie par des atteintes souvent graves et répétées aux droits de l’Homme.
(JED/IFEX) – Ci-dessous, des extraits de la lettre ouverte de JED au nouveau Premier ministre de la RD Congo :
Kinshasa, le 24 avril 2012
Excellence, Monsieur le Premier Ministre,
Journaliste en Danger (JED), Organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse, basée à Kinshasa, et Réseau d’Alerte de l’Organisation des Médias d’Afrique Centrale (OMAC), a accueilli avec joie la nouvelle de votre nomination par le Président de la République, Joseph Kabila, en qualité de Premier ministre chargé de former le tout premier gouvernement de la République issu des élections du 28 novembre dernier.
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Alors que vous vous engagez à concrétiser la vision du Chef de l’Etat, et que tout le monde entonne désormais la rengaine de la « Révolution de la modernité », JED tient à vous affirmer que le tableau de la liberté de la presse et d’expression en RDC est très peu reluisant, et que les professionnels des médias ont payé un lourd tribut à la loi de la violence, à l’insécurité ambiante et à l’impunité quasi institutionnalisée.
Faut-il rappeler que la liberté de la presse, c’est le thermomètre à travers lequel on jauge le degré de démocratie dans un pays ? Faut-il rappeler également que le respect des droits de l’Homme est un aspect essentiel de la bonne gouvernance, et que ce dernier est désormais le critère fondamental par lequel tous les gouvernements du monde sont jugés ?
Comment se voiler la face sur la situation particulièrement dramatique des médias et des journalistes pendant la législature passée, et ne pas rappeler qu’au cours de cinq dernières années, au moins huit journalistes ont été assassinés ; que des centaines d’autres ont été arrêtés et jetés derrière les barreaux, et que plusieurs autres subissent chaque jour des menaces et des agressions physiques à cause de leur travail ?
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Dans la lutte que vous avez promis d’engager contre la corruption et les anti-valeurs, JED reste convaincu que c’est l’action des mêmes médias agissant comme « chiens de garde » qui permet de mettre en lumière des initiatives frauduleuses ou douteuses. La culture de la Bonne Gouvernance dont la transparence constitue la condition sine qua non ne peut devenir une réalité que si une loi sur la transparence et l’information publique fait obligation aux gestionnaires publics à tous les niveaux de divulguer au maximum toutes les informations non couvertes par le secret pour des raisons d’intérêt général du pays. Cette loi de divulgation maximale des informations publiques permettra aux journalistes d’accéder aux sources d’information et, par ricochet, aux fils et filles de ce pays d’être informés sur la manière dont ses mandataires gèrent la République.