Il sera impossible de tenir une élection libre et équitable en Gambie tant que le gouvernement gambien continuera d’attaquer les journalistes et les journaux indépendants qui critiquent les autorités, lance Reporters sans frontières (RSF) dans une mise en garde. « La situation de la liberté de la presse et de l’accès du public à l’information […]
Il sera impossible de tenir une élection libre et équitable en Gambie tant que le gouvernement gambien continuera d’attaquer les journalistes et les journaux indépendants qui critiquent les autorités, lance Reporters sans frontières (RSF) dans une mise en garde.
« La situation de la liberté de la presse et de l’accès du public à l’information est tellement catastrophique qu’elle suffit à elle seule à invalider ces élections. Il ne sera pas possible pour la communauté internationale de dire que les élections du 22 septembre étaient démocratiques », dit le groupe dans une analyse des conditions de la liberté de la presse dans le pays.
Les médias privés de Gambie sont étranglés par la peur, les menaces de mort, la surveillance, les arrestations en pleine nuit, les détentions arbitraires et les mauvais traitements étant la norme pour les journalistes qui refusent de chanter les louanges du gouvernement. Ceux qui osent rapporter ces attaques aux organisations internationales deviennent eux-mêmes les cibles de man?uvres d’intimidation de la part de la National Intelligence Agency (NIA), dit RSF.
Lors du dernier sommet de l’Union Africaine, que la Gambie a accueilli les 1er et 2 juillet, au moins neuf journalistes ont été arrêtés et détenus illégalement pendant plusieurs jours. Le rédacteur en chef du journal privé « Daily Express », Sulayman Makato, est contraint à la clandestinité depuis le 14 juillet dernier, après avoir reçu à deux reprises des menaces anonymes.
Un autre journal privé, « The Independent », est régulièrement la cible des autorités, fait remarquer RSF. Son imprimerie a été incendiée en 2004 par des hommes que l’on soupçonne d’appartenir à la Garde nationale. Les quartiers généraux du journal sont scellés et on l’empêche, illégalement, de paraître depuis le 28 mars 2006. L’un de ses journalistes, Lamin Fatty, a été détenu pendant plus d’un mois sans avoir accès à un avocat et subit maintenant un procès aux termes d’une loi sur la presse qui criminalise les délits de presse.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapporte qu’un autre journaliste, « Chief » Ebrimah B. Manneh, du journal pro-gouvernemental « Daily Observer », est porté disparu depuis le 7 juillet et serait détenu par la NIA. L’ancien journaliste Malick Mboob est détenu par la NIA depuis le 26 mai.
Par ailleurs, le meurtre de l’éminent journaliste Deyda Hydara n’a toujours pas été élucidé, près de deux ans après qu’il eut été abattu dans sa voiture le 16 décembre 2004. Les autorités gambiennes, dit RSF, n’ont fait aucune tentative sérieuse pour identifier les auteurs ou les instigateurs de cet assassinat. La seule déclaration officielle venue des responsables de l’enquête a été faite six mois plus tard. Elle laissait entendre que le meurtre pourrait être relié à la vie sexuelle de la victime.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=18727
– Lettre ouverte d’un journaliste gambien : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=18164
– Qui a tué Deyda Hydara ? http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13789
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/africa/gambia14july06na.html
– Profil de la Gambie par la BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/country_profiles/1032156.stm