La violence qui a suivi les élections au début de l’année au Kenya était attribuable en partie à l’absence d’accès à l’information et à la répression de la liberté d’expression. Telle est l’opinion du groupe ARTICLE 19 dans son document intitulé « Kenya: Post-election political violence » [Violence post-électorale au Kenya]. La violence qui a éclaté en […]
La violence qui a suivi les élections au début de l’année au Kenya était attribuable en partie à l’absence d’accès à l’information et à la répression de la liberté d’expression. Telle est l’opinion du groupe ARTICLE 19 dans son document intitulé « Kenya: Post-election political violence » [Violence post-électorale au Kenya]. La violence qui a éclaté en effet dans la vallée du Rift au début de 1998, après les élections présidentielles du 29 décembre 1997, « a fait des morts et des blessés, entraîné le déplacement de milliers d’autres personnes et provoqué de profondes divisions au sein des communautés, divisions qui risquent de ne se jamais refermer », dit ARTICLE 19. Quelle qu’ait été l’étincelle qui a tout embrasé, les conditions qui ont permis aux troubles de prendre de l’ampleur n’ont pas changé, elles. La liberté d’expression et d’information est toujours très limitée, le gouvernement contrôle toujours la radiodiffusion, première source d’information de la plupart des Kenyans. Il persiste une culture d’impunité. En d’autres mots, on a toujours un terreau fertile, toujours susceptible de produire d’autres événements similaires.
Entre autres facteurs, selon ARTICLE 29, il y a la concentration de la propritété de la presse, qui mène « à une situation où les travailleurs des médias se voient refuser l’accès à l’information en raison d’allégeances ethniques ou politiques, réelles ou imaginaires », tandis que le diffuseur public, la Kenya Broadcasting Corporation, « a échoué encore une fois dans son travail. Elle n’est pas parvenue à donner des reportages précis et impartiaux […] La conséquence, c’est que le peuple kenyan ne peut se fier ni à ce qu’il lit, ni à ce qu’il voit à la télévision, ni à ce qu’il entend à la radio. C’est une situation déjà suffisamment pénible dans des circonstances normales, mais au Kenya au début de 1998, l’information est devenue question de vie ou de mort. La crise pourrait facilement se reproduire, à moins que ne se desserre l’emprise excessive du gouvernement sur les médias, que soit garantie l’indépendance des médias et qu’on mette fin à la culture d’impunité ».