Au Cambodge, l’incertitude politique entraîne des répercussions dans les médias, tandis que l’autocensure se répand chez les journalistes, prévient l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA). Les journalistes affirment que la décision récente de l’Assemblée nationale de dépouiller de leur immunité parlementaire trois députés de partis de l’opposition […]
Au Cambodge, l’incertitude politique entraîne des répercussions dans les médias, tandis que l’autocensure se répand chez les journalistes, prévient l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA). Les journalistes affirment que la décision récente de l’Assemblée nationale de dépouiller de leur immunité parlementaire trois députés de partis de l’opposition force les médias à y penser à deux fois quant à leur façon de couvrir les questions politiques.
Beaucoup de journalistes, surtout des médias de l’opposition, font preuve d’une prudence excessive dans leur couverture et leurs commentaires, dit la SEAPA. Mam Sonando, directeur de Beehive Radio FM105, affirme que les rédacteurs et les reporters s’inquiètent que le gouvernement « n’agisse contre nous s’il [pense] que nous écrivons quoi que ce soit de diffamatoire ». La perception, ajoute-t-il, est répandue chez les médias que « si vous n’appuyez pas [le gouvernement], celui-ci s’imagine que [vous vous] opposez à lui ».
Ce sentiment émerge en réaction à la décision du 3 février du parlement cambodgien – l’Assemblée nationale – de retirer leur immunité parlementaire à Sam Rainsy, Chea Poch et Cheam Channy. Les trois hommes sont des élus du parti Sam Rainsy.
La décision a permis au prince Norodom Ranariddh, chef du parti rival FUNCINPEC, d’intenter des poursuites judiciaires en diffamation contre Rainsy, qui allègue que Ranariddh a reçu des pots-de-vin en échange de son accord de former un gouvernement de coalition avec le parti du peuple cambodgien (PPC), au pouvoir.
Human Rights Watch a critiqué la décision, la qualifiant de tentative à peine voilée du FUNCINPEC et du PPC pour éliminer leurs adversaires politiques.
Selon Dam Sith, rédacteur en chef de « Moneaksekar Khmer », le seul journal d’opposition qui reste, la décision a contraint la publication à atténuer ses commentaires et son discours lorsqu’il aborde les affaires gouvernementales. « [Le gouvernement] a osé agir contre des parlementaires, il va donc certainement passer à l’action contre nous [si nous commettons des erreurs] », dit-il.
Pour de plus amples renseignements sur les médias au Cambodge, consulter :
– SEAPA : http://www.seapabkk.org/
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2005/02/07/cambod10138.htm
– Institut international de la presse : http://www.freemedia.at/wpfr/Asia/cambodia.htm
– Comité pour la protection des journalistes : http://www.cpj.org/attacks03/asia03/cambodia.html
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/research/freeworld/2004/countryratings/cambodia.htm