La première chambre du tribunal de police d'Ankara a rejeté la demande de déblocage de 44 adresses IP permettant d'accéder à YouTube
(RSF/IFEX) – Le 7 juillet 2010, la première chambre du tribunal de police d’Ankara a rejeté la demande de déblocage de 44 adresses IP permettant d’accéder à YouTube. Le blocage de ces adresses avait entraîné, en juin 2010, la perturbation de plusieurs services de Google comme Google Maps ou Google Analytics. Ce dernier est toujours affecté. L’affaire a été transmise à la 13e chambre du tribunal d’Ankara pour évaluation.
Reporters sans frontières demande aux autorités de mettre fin au blocage de YouTube et de revoir leur stratégie de filtrage du Web par le gouvernement. « La loi sur Internet permet de d’interdire l’accès à des milliers de sites. Le blocage de YouTube a un impact particulier. Les autorités perdent en crédibilité en empêchant leur population d’utiliser un moyen de communication et d’information aussi répandu dans le reste du monde. Cette forme de censure archaïque doit être abandonnée. D’autant qu’elle est l’instrument d’un véritable chantage financier. En effet, les autorités ont laissé entendre que cette décision était liée à la volonté de faire payer des impôts a Google », a déclaré l’organisation.
Youtube est bloqué depuis le 5 mai 2008, date à laquelle la première chambre du tribunal de police avait jugé qu’une dizaine de vidéos portaient atteinte à la mémoire d’Atatürk. Le site a été bloqué en vertu de la loi 5651 sur Internet, relative à « l’organisation des publications en ligne et au combat contre les délits commis par le biais de ces publications ». Appliquée depuis novembre 2007, elle permet à un procureur, dans un délai de 24 heures, d’interdire l’accès à un site si son contenu est susceptible d’inciter au suicide, à la pédophilie, à l’usage de stupéfiant, à l’obscénité, à la prostitution et de contredire « la loi d’Atatürk ».
Mi-juin, 44 nouvelles adresses ont été bloquées suite à une décision de justice à la demande du procureur général d’Ankara chargé des enquêtes sur les délits de presse et afin de renforcer le blocage de YouTube.
Le 5 juillet, les médias turcs ont souligné l’ambiguïté des discours des autorités concernant le blocage. Le juge Hayri Keskin a soutenu que le site était censuré car toujours contraire à la loi sur Internet, tandis que le ministre des transports, Binali Yildirim a laissé entendre que le motif relevait d’une volonté d’imposer des impôts à la direction de YouTube sur ses ressources publicitaires.
Dunja Mijatovic, la représentante de la liberté des médias de l’OSCE, a de nouveau exigé le rétablissement des services de Google et du site Youtube dans une lettre du 22 juin adressée aux autorités turques.