La guerre en Irak, qui jusqu’à maintenant a coûté la vie à plus de 100 journalistes et travailleurs des médias, a pris un tournant particulièrement meurtrier ces derniers jours. Le 12 octobre 2006, des individus armés et masqués ont en efet exécuté froidement 11 employés et en ont blessé deux autres à la station de […]
La guerre en Irak, qui jusqu’à maintenant a coûté la vie à plus de 100 journalistes et travailleurs des médias, a pris un tournant particulièrement meurtrier ces derniers jours.
Le 12 octobre 2006, des individus armés et masqués ont en efet exécuté froidement 11 employés et en ont blessé deux autres à la station de télévision par satellite « Al-Shaabiya », dans le district Zayouna de Bagdad, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), l’Institut international de la presse (IIP), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Cet incident représente l’assaut le plus sanglant commis contre la presse depuis le début de l’invasion américaine de mars 2003, dit le CPJ.
Al-Shaabiya, qui n’était pas encore entrée en ondes, appartient au Parti national de la justice et du progrès, un petit parti séculier dont le dirigeant, Abdoul-Rahim Nasrallah al-Shimari, figure au nombre des victimes.
Parmi les autres personnes assassinées se trouvent le garde du corps Ali Jabber; le directeur général adjoint Noufel al-Shimari; les présentateurs Thaker al-Shouwili et Ahmad Sha’ban; le directeur administratif Sami Nasrallah al-Shimari; le mélangeur d’images Hussein Ali; ainsi que trois gardiens et l’opérateur de la génératrice de la station.
Le raid sur Al-Shaabiya était le deuxième attentat en deux semaines contre une station de télévision de Bagdad, fait remarquer l’IIP. Le 1er octobre, un attentat à la voiture piégée s’est produit à l’extérieur de la station de télévision Al-Rafidain, tuant deux piétons et blessant cinq employés de la station.
Pour sa part, Hamad Ibrahim, chauffeur pour la station de télévision d’État « Al-Iraqiya », a été tué le 3 octobre dans la ville de Mossoul lorsque sa voiture a été criblée de balles par des inconnus, rapportent le CPJ et RSF. Jassim Aarif Hassan, qui était employé à la station de télévision « Al-Charkiya », a également été abattu le 7 octobre dans l’ouest de Bagdad.
Par ailleurs, le cadavre du journaliste Azad Muhammad Hussein a été retrouvé à la morgue de Bagdad le 10 octobre, sept jours après son enlèvement par des inconnus, indiquent le CPJ, l’IIP et la FIJ. Le reporter de 29 ans présentait des signes de torture. Il travaillait pour Radio Dar Al-Salam, propriété du Parti islamique irakien, un important groupe politique sunnite qui s’est joint au début de 2006 au gouvernement soutenu par les États-Unis.
Enfin, le 14 octobre, le journaliste Raed Qaies, qui travaillait pour la station de radio « Sawt Al Iraq » (La Voix de l’Irak) et à titre de producteur de nouvelles économiques pour « Radio Somer », a lui aussi été assassiné au sud de Bagdad, rapporte la FIJ.
Par ailleurs, un coroner britannique a statué le 13 octobre que le décès du reporter Terry Lloyd de ITN constituait une « mise à mort illégale ». Des témoins ont déclaré que Lloyd a été abattu d’une balle dans la tête par des soldats américains tandis qu’on le conduisait à l’hôpital dès les premiers jours de la guerre, en mars 2003. La FIJ a salué le verdict et appelé les États-Unis à « dire toute la vérité » sur les circonstances entourant la mort de Lloyd et celle de 19 autres travailleurs des médias aux mains des troupes américaines en Irak.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/mideast/iraq12oct06na.html
– IIP : http://www.freemedia.at/cms/ipi/statements_detail.html?ctxid=CH0055&docid=CMS1160663179608
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=19132
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=4300&Language=EN
– Association de défense des droits des journalistes irakiens : http://www.ijrda.com