Un important blogueur malaysien détenu en vertu de la Loi sur les secrets officiels à cause de commentaires affichés sur son blogue dans lesquels il accuse un ministre de corruption est la dernière victime de la répression croissante de l’expression en ligne dans le pays et la région, rapporte l’Alliance de la presse de l’Asie […]
Un important blogueur malaysien détenu en vertu de la Loi sur les secrets officiels à cause de commentaires affichés sur son blogue dans lesquels il accuse un ministre de corruption est la dernière victime de la répression croissante de l’expression en ligne dans le pays et la région, rapporte l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asia Press Alliance, SEAPA).
Nathaniel Tan, adjoint de l’ancien vice-premier ministre Anouar Ibrahim et webmestre du principal groupe d’opposition PKR, a été arrêté le 13 juillet à son bureau par trois policiers en civil parce qu’il est soupçonné de possession de « secrets officiels », et détenu pendant quatre jours.
Dans ses commentaires parus sur son blogue Tan accuse le vice-ministre de la sécurité intérieure Johari Baharum d’avoir accepté des pots-de-vin pour qu’il remette des gangsters en liberté. Baharum a été blanchi des allégations par le procureur général la semaine dernière. D’après l’agence nationale de nouvelles Bernama, Baharum avait dit à la police, le jour de l’arrestation de Tan, de trouver les rédacteurs qui « répandaient des mensonges sur les sites web ».
Des blogueurs de Malaisie ont contribué à organiser une vigile pour Tan pendant le week-end et fait circuler une pétition en ligne qui demande sa remise en liberté.
Tan est le deuxième blogueur en trois jours à devoir répondre à des poursuites judiciaires. Le 10 juillet, une enquête officielle a été ouverte contre Tian Chua, militant bien connu et supérieur hiérarchique de Tan dans le parti d’opposition, à cause d’un photomontage, publié sur , qui impliquait une unité d’élite de la police dans une affaire de meurtre qui a fait beaucoup de bruit.
D’après la SEAPA, déjà cette année deux blogueurs et un site web de nouvelles sont poursuivis pour diffamation, et un groupe d’intervention a été mis sur pied pour voir comment les lois actuelles peuvent servir à contourner la Loi malaysienne de Garantie dans la lutte contre la censure sur Internet.
Par ailleurs, en Thaïlande, une nouvelle loi visant à empêcher le cybercrime devrait entrer en vigueur cette semaine, la première loi du pays à réglementer l’Internet, dit la SEAPA. Connue sous le nom de Loi sur la commission de délits informatiques, cette loi désigne 12 types de crimes sur Internet qui sont passibles de peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison et 300 000 bahts (9 420 $ US) d’amende. Les crimes prévus comprennent l’élaboration, la possession, l’entreposage et la diffusion d’« informations prohibées ».
Mais ARTICLE 19 souligne cependant que la loi « permettrait aux autorités de prendre des mesures étendues pour contrôler même l’utilisation parfaitement légitime des ordinateurs. Cela devrait avoir un effet peu rassurant sur l’utilisation de l’Internet en Thaïlande. »
Une disposition de la Loi exige notamment que les fournisseur d’accès à Internet tiennent des dossiers de l’utilisation des ordinateurs pendant au moins 90 jours, ce qui permettrait aux autorités d’identifier les personnes qui fréquentent certains sites web.
L’actuel gouvernement provisoire s’est déjà acquis la notoriété à cause de ses assauts contre l’Internet depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’État militaire survenu en septembre 2006. Les articles critiques de la monarchie, la pornographie et le contenu jugé « menaçant [pour] la sécurité nationale » sont interdits. Selon la SEAPA, environ 10 sites en moyenne sont bloqués chaque nuit, dont 90 à 95 pour 100 cent sont des sites pornographiques.
D’après le groupe de lutte contre la censure « Liberté contre la censure-Thaïlande » (Freedom Against Censorship Thailand, FACT), 17 000 sites web ont été bloqués en Thaïlande depuis le coup d’État militaire de septembre 2006. Profondément outré de ce que le gouvernement bloque impitoyablement des sites web, FACT distribue dans les villes et les universités de Thaïlande des milliers d’exemplaires de « Beat the Censors – Unblock ICT » [Contrez les censeurs, débloquez les TCI], un CD gratuit qui contient des logiciels pour déjouer les censeurs.
Cet outil, qui se décrit comme une « arme d’instruction massive » contient 41 applications de contournement (avec instructions) utilisables dans « n’importe quel pays censuré », des renseignements sur la façon d’utiliser des serveurs anonymes de convenance pour contourner la censure, plus les dernières listes, censément secrètes, de milliers de sites web à bloquer, que le gouvernement a dressées. On trouve aussi sur le CD des guides et une analyse par le groupe FACT des projets de lois et des lois de la Thaïlande concernant la censure, dont la nouvelle loi. Tous les renseignements sont accessibles en langue thaï et en anglais.
Pour obtenir un exemplaire du CD, communiquer par courriel avec FACT à : facthai@gmail.com, ou vérifier une partie du contenu sur les réseaux coopératifs BitTorrent ou encore sur le site web de FACT à http://factthai.wordpress.com. Et, pendant que vous y êtes, signez aussi la pétition de FACT contre la censure en ligne à : http://facthai.wordpress.com/sign
Consulter les sites suivants :
– SEAPA, à propos de la Malaisie : http://ifex.org/en/content/view/full/84850/
– Reporters sans frontières, à propos de Tan :
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=22942
– Rapport capsule de la SEAPA à propos de la censure de l’Internet en Thaïlande : http://tinyurl.com/3bzhoh
– « Communiqué de l’IFEX », à propos de l’avant-projet de loi sur les délits informatiques : http://ifex.org/en/content/view/full/83381/
– Inter Press Service, sur le contrôle de l’Internet en Thaïlande :
http://www.ipsnews.net/news.asp?idnews=38339
(Photo : Nathaniel Tan et Tian Chua le jour de la libération de Tan. Courtoisie de http://www.tianchua.net/)
(17 juillet 2007)