La coalition gouvernementale du Pakistan a voté l’abolition de quelques-unes des restrictions draconiennes imposées aux médias l’an dernier par le président Pervez Moucharraf, selon ce que rapportent la Fondation de la presse du Pakistan (PPF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), son organisation locale affiliée, le Syndicat fédéral des journalistes du Pakistan (Pakistan Federal Union […]
La coalition gouvernementale du Pakistan a voté l’abolition de quelques-unes des restrictions draconiennes imposées aux médias l’an dernier par le président Pervez Moucharraf, selon ce que rapportent la Fondation de la presse du Pakistan (PPF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), son organisation locale affiliée, le Syndicat fédéral des journalistes du Pakistan (Pakistan Federal Union of Journalists, PFUJ), et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
La ministre de l’Information, Sherry Rehman, a déposé la semaine dernière un projet de loi au parlement proposant la levée de l’interdiction des émissions transmises en direct et aussi d’abolir les châtiments, dont les peines de prison et les lourdes amendes, réservés aux journalistes qui « diffament » le président, le gouvernement ou l’armée.
Dans ses commentaires devant les journalistes, Rehman a également promis de créer un fonds de compensation pour les familles des journalistes tués ou blessés dans l’exercice de leurs fonctions, et un organisme consultatif sur les médias, composé de journalistes et de responsables gouvernementaux, rapporte le CPJ.
« Nous souhaitons un nouveau départ et il semble maintenant que nous soyons sur la bonne voie », dit la FIJ, qui s’est rendue au Pakistan à la suite des élections de cette année et qui collabore avec le PFUJ pour ramener la crise des médias à l’ordre du jour politique.
Mais ce ne sont pas toutes les modifications irrégulières de Moucharraf, comme le « code de conduite » imposé par le gouvernement, qui ont été abrogées, rapportent les membres de l’IFEX. Des dizaines de stations privées de radio et de télévision, suspendues le 3 novembre, n’ont pu revenir en ondes qu’après avoir ratifié le code de 14 pages.
Le PFUJ et la PPF saluent le projet de loi mais demandent aussi l’abolition de toutes les lois qui restreignent la liberté d’expression, même celles qui étaient en vigueur avant la proclamation de l’état d’urgence par Moucharraf. Selon la PPF, l’ordonnance originale de l’Autorité de réglementation des médias électroniques du Pakistan (Pakistan Electronic Media Regulatory Authority, PEMRA) continuera de poser des « restrictions inacceptables à la liberté d’expression ».
La PPF fait remarquer que le Pakistan est le seul pays d’Asie du Sud sans politique clairement définie pour promouvoir la radio communautaire, qui pourrait atteindre les auditoires des communautés rurales. Les lois sur l’accès à l’information sont limitées et ne s’appliquent pas aux gouvernements des provinces. Par ailleurs, le PFUJ demande le remplacement de la PEMRA par un organisme d’autoréglementation.
« Encore une fois, la récente crise judiciaire et de gouvernance au Pakistan a mis en lumière le fait que le pays est mal servi, surtout en temps de crise, par l’ancienne politique d’État de restriction des médias », dit la PPF. « Nous espérons que le gouvernement adoptera des mesures efficaces et opportunes pour changer l’état d’esprit des fonctionnaires à l’égard de la liberté d’expression et de l’accès à l’information. »
En dépit des engagements de Rehman, les journalistes continuent d’être ciblés. Cinq reporters qui couvraient de violents affrontements entre des groupes politiques rivaux à Karachi la semaine dernière ont été attaqués par des individus masqués qui ont détruit leur équipement, dit la PPF. Les chaînes privées « GEO TV » et « ARY TV », ont été expulsées des ondes pendant deux heures le 14 avril, après avoir retransmis à plusieurs reprises des séquences de l’une de ces attaques, dit la PPF. Rehman a déclaré que cette décision avait été prise par les exploitants du câble sans l’avis de la PEMRA, rapporte le CPJ. Et encore hier, un journaliste a été tué dans la province instable du Baluchistan (voir « Semaine sanglante pour les journalistes locaux » : http://ifex.org/fr/content/view/full/92848/ ).
Consulter les sites suivants :
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=6054&Language=EN
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2008/asia/pak11apr08na.html
– PPF : http://tinyurl.com/5jth8z
– PFUJ : http://pfuj.info/pfuj/
– Page de l’IFEX sur le Pakistan : http://tinyurl.com/23z96j
(15 avril 2008)