Les autorités kenyanes subissent les foudres des groupes de défense de la liberté de la presse parce qu’elles ont ordonné ce qui a été qualifié de répression la plus importante de la presse du pays depuis l’indépendance, au milieu d’une série de scandales de corruption qui ont mis le gouvernement sur la défensive. Le 2 […]
Les autorités kenyanes subissent les foudres des groupes de défense de la liberté de la presse parce qu’elles ont ordonné ce qui a été qualifié de répression la plus importante de la presse du pays depuis l’indépendance, au milieu d’une série de scandales de corruption qui ont mis le gouvernement sur la défensive.
Le 2 mars 2006, des policiers lourdement armés ont effectué un raid dans les bureaux du réseau Kenya Television Network (KTN) à Nairobi et forcé la station à quitter les ondes.
Simultanément, un autre raid visait l’imprimerie du journal « The Standard », deuxième quotidien en importance du pays, où la police a saisi et brûlé des milliers d’exemplaires de l’édition du 2 mars, mis les presses hors d’état et confisqué de l’équipement, notamment des ordinateurs, rapportent la Fondation africaine des médias libres (African Free Media Foundation, AFMF), l’Institut international de la presse (IIP) et l’Association mondiale des journaux (AMJ).
Deux jours plus tôt, trois journalistes du « Standard » ? le rédacteur Chaacha Mwita et les reporters Ayub Savula et Dennis Onyango ? avaient été arrêtés. Ils sont accusés de « publier de fausses rumeurs dans l’intention de jeter la panique dans le public » et libérés sous caution. Leur procès a été fixé au 24 avril. Ils risquent jusqu’à trois ans de prison. Deux autres journalistes auraient été menacés d’arrestation.
On croit que les raids seraient liés à un reportage paru dans le « Standard », dans lequel on affirmait que le président Kibaki avait rencontré récemment et en secret le dirigeant de l’opposition et ancien ministre de l’environnement Kalonzo Musyoka, pour discuter d’une possible alliance politique. Musyoka a été limogé par Kibaki l’an dernier.
Kibaki, qui a accédé au pouvoir en 2002 grâce à une plate-forme de lutte contre la corruption, est surveillé de plus en plus près par les médias au sujet d’une série de scandales de corruption qui impliquent de hauts dignitaires. En février, l’ancien chef de la lutte contre la corruption au Kenya, John Githongo, a révélé à la BBC l’existence de la preuve sur bande magnétique qu’un ministre du gouvernement avait tenté de nuire à une enquête dans une affaire de corruption.
Le 20 février, des policiers ont effectué une descente dans les bureaux des journaux tabloïds « Weekly Citizen » et « The Independent », confisquant de l’équipement et des documents et procédant à l’arrestation de plusieurs journalistes, rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). La police a également détenu des distributeurs qui écoulent les publications, qui sont connues pour leurs reportages provocateurs sur la sexe et les scandales politiques.
Le « Weekly Citizen » avait publié en une un reportage alléguant que le Président Mwai Kibaki ne maîtrisait pas le gouvernement. Trois reporters et au moins deux autres employés du journal pourraient devoir répondre à des accusations pénales. Ce sont les reporters Josphat Mativo, Ken Teyie et Austin Alwaka. Les raisons à l’origine du raid contre le journal « The Independent » ne sont pas claires.
Consulter les sites suivants :
– Alertes de l’IFEX sur le Kenya : http://ifex.org/en/content/view/full/39/
– AFMF : http://ifex.org/en/content/view/full/72599/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16616
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/africa/kenya28feb06na.html
– Freedom House :
http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=22&year=2005&country=6765
– Craintes entourant la liberté de la presse au Kenya : http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/4770784.stm
– Un ancien ministre accroche le grelot à propos de la corruption : http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/4695354.stm