En deux jours, le gouvernement somalien a forcé trois stations de radio populaires à quitter les ondes à cause de leur couverture du sanglant conflit à Mogadiscio, selon ce que rapportent le Syndicat national des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists, NUSOJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) […]
En deux jours, le gouvernement somalien a forcé trois stations de radio populaires à quitter les ondes à cause de leur couverture du sanglant conflit à Mogadiscio, selon ce que rapportent le Syndicat national des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists, NUSOJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et les groupes locaux de défense des droits de la personne.
Les troupes armées du gouvernement somalien, sous la direction d’agents de la sécurité nationale, ont fait irruption dans les studios de « Radio Banadir » et de « Radio Simba », ordonné aux stations d’interrompre jusqu’à nouvel ordre toute retransmission, et les ont accompagnés jusqu’à la sortie des lieux. Les studios de « Radio Simba » ont par la suite été occupés par les troupes éthiopiennes.
La veille, « Radio Shabelle », une importante station indépendante qui diffuse à partir du marché Bakara de Mogadiscio, a été fermée. Le marché est réputé être un bastion des insurgés.
« Chaque fois que les autorités de Mogadiscio entendent des nouvelles désagréables sur les combats qui se déroulent dans la ville, ils envoient des troupes qui enfoncent la porte de la station de radio responsable », dit le CPJ. « Il s’agit d’une censure qui n’est rien de moins que brutale et inacceptable. Radio Shabelle, Radio Banadir et Radio Simba fournissent un service vital pour tous les Somaliens. »
Selon le CPJ, le maire de Mogadiscio, Mohamed « Dheere » Omar Habeeb, accuse les stations privées de pratiquer une couverture qui mine le gouvernement et qui est constituée de faux reportages. La fermeture des stations coïncide avec une rafle des forces du gouvernement somalien, appuyée par l’armée éthiopienne et les États-Unis, à travers la ville de Mogadiscio, à la recherche d’armes et d’insurgés islamistes.
Le bureau du maire a ordonné aux groupes de médias et aux journalistes de s’inscrire auprès des autorités dans les 30 jours, sinon ils sont interdits de séjour à Mogadiscio, dit le NUSOJ.
Quatre stations de radio privées, dont la fameuse station « HornAfrik Radio », étaient toujours en ondes dans la capitale, mais censuraient leurs reportages, dit le CPJ. Les journalistes locaux craignent que ce ne soit qu’une question de temps avant qu’elles ne soient fermées.
Cette année, le gouvernement réprime régulièrement les journalistes, ferme les radiodiffuseurs et les avertit de censurer leur couverture. Huit travailleurs des médias ont été tués jusqu’ici cette année, dit le NUSOJ.
Par ailleurs, au Somaliland, le ministère de l’Information a rédigé le texte d’une nouvelle loi qui lui accorde un contrôle excessif sur les médias, selon ce qu’a constaté le NUSOJ. En vertu de cette ébauche de projet de loi, le ministère serait habilité à suspendre des organisations de médias et à en prendre la direction, à arrêter les journalistes et à intervenir dans les activités administratives, financières et rédactionnelles des médias. Les journalistes devraient obtenir la permission du ministère avant d’accomplir quelque assignation professionnelle que ce soit.
L’avant-projet de loi doit encore être déposé devant la législature. Le NUSOJ appuie l’Association des journalistes du Somaliland (Somaliland Journalist Association, SOLJA), qui invite le gouvernement à entamer un dialogue avec les médias sur ce projet de loi et à le faire se conformer aux normes internationales.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/27ldqw
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24340
– NUSOJ, à propos du projet de loi : http://tinyurl.com/yr938l
– Association des journalistes somaliens : http://www.asoj.org/
(20 novembre 2007)