Un troisième radiodiffuseur a été contraint de quitter les ondes au Cameroun après avoir couvert les violentes manifestations organisées pour protester contre l’augmentation des prix et une proposition du gouvernement d’éliminer la limite quant au nombre de mandats du président, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) […]
Un troisième radiodiffuseur a été contraint de quitter les ondes au Cameroun après avoir couvert les violentes manifestations organisées pour protester contre l’augmentation des prix et une proposition du gouvernement d’éliminer la limite quant au nombre de mandats du président, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le 28 février, des soldats en armes ont procédé à une descente chez « Magic FM », une populaire station de radio de la capitale, Yaoundé, et ont confisqué d’importants éléments d’équipement technique. Les officiers ont accusé la station de « diffuser de manière irresponsable » et de susciter des tensions en raison de sa couverture critique du gouvernement lors d’une émission de tribune téléphonique plus tôt le même jour. Les auditeurs qui avaient appelé critiquaient l’adresse télévisée du président Paul Biya à la nation, dans laquelle celui-ci avait déclaré qu’il utiliserait « tous les moyens légaux » pour rétablir l’ordre.
« Les forces de sécurité n’ont pas pour rôle de policer les ondes radio », déclare le CPJ. Ce geste grossier d’intimidation à l’encontre de Magic FM met à nu la tentative du gouvernement pour faire courber l’échine à la presse libre et l’inciter à l’autocensure dans sa couverture d’un débat national esentiel. Nous appelons les autorités à rendre immédiatement son équipement à Magic FM et à permettre à la station de diffuser librement. »
Magic FM, partenaire de « La Voix de l’Amérique », la radio financée par le gouvernement américain, est connue pour sa couverture politique pertinente, dit le CPJ.
Le même jour, le Ministre des Communications convoquait les rédacteurs en chef des journaux privés pour les prévenir de modérer le ton de leur couverture, disent le CPJ et RSF.
L’agitation a commencé le 23 février, lorsqu’un homme a été tué lors de la dispersion, par la brigade anti-émeute, d’un rassemblement de l’opposition qui se déroulait dans la capitale économique du pays, Douala. Depuis lors, au moins 17 personnes ont perdu la vie dans des échauffourées entre la police et les manifestants, indiquent les dépêches. RSF rapporte que les journaux privés, en grande partie imprimés à Douala, ne sont pas distribués.
Les manifestants disent que Biya néglige de s’attaquer aux problèmes : l’augmentation des prix du carburant et des aliments, et la colère qui a fait suite à une proposition d’amendement à constitution en vue d’éliminer la limite des mandats présidentiels et de permettre à Biya d’être à nouveau candidat en 2011. Celui-ci est président depuis plus de 25 ans.
Au Burkina Faso, des manifestations similaires pour dénoncer la hausse des prix des denrées de base ont entraîné également des affrontements entre policiers et manifestants, indiquent les dépêches.
La fermeture de Magic FM fait suite la semaine dernière à celle des importants radiodiffuseurs que sont « Équinoxe TV » et « Radio Équinoxe », basés dans la capitale économique, Douala, à cause de leur couverture de la crise en cours.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/2zb9a5
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?index=5877&Language=FR
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25981
(4 mars 2008)