Les autorités malaisiennes doivent libérer immédiatement cinq dirigeants de la communauté indienne détenus en vertu de la Loi sur la sécurité intérieure (ISA) du pays, qui permet la détention sans procès, disent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), son partenaire local, le Centre pour le journalisme indépendant (Centre […]
Les autorités malaisiennes doivent libérer immédiatement cinq dirigeants de la communauté indienne détenus en vertu de la Loi sur la sécurité intérieure (ISA) du pays, qui permet la détention sans procès, disent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), son partenaire local, le Centre pour le journalisme indépendant (Centre for Independent Journalism, CIJ), et Human Rights Watch.
Cinq dirigeants de la Hindu Rights Action Force (HINDRAF) ont été arrêtés le 13 décembre et seront détenus jusqu’à deux ans à cause de leurs actions qui menaceraient la « sécurité nationale ».
Le mois dernier, HINDRAF a entraîné dans les rues de Kuala Lumpur plus de 10 000 personnes d’origine indienne, qui ont dénoncé la discrimination économique et raciale de la Malaisie multiethnique et multireligieuse, dominée par l’ethnie malaise.
Promulguée à l’origine afin de contenir les menaces à la sécurité qui pesaient pendant l’insurrection communiste armée des années 1960, l’ISA a été utilisée à répétition pour limiter les discussions publiques sur des questions « délicates » et les critiques à l’égard du gouvernement, dit la SEAPA.
La loi prévoit la détention pendant 60 jours, sans mandat, sans procès ni accès à un conseiller juridique. La détention peut être prolongée jusqu’à deux ans et renouvelée indéfiniment – sans qu’aucun élément de preuve ne soit déposé devant un tribunal. D’après Human Rights Watch, en septembre 2007, 87 personnes étaient détenues en vertu de l’ISA.
« Si des lois sont violées, alors les contrevenants doivent être inculpés et traduits convenablement devant les tribunaux, et non pas détenus indéfiniment » dit Human Rights Watch.
HINDRAF a tenté d’obtenir un permis afin de tenir le rassemblement du 25 novembre, mais sa demande a été rejetée par la police de Kuala Lumpur, qui a eu recours à une rare ordonnance de la cour pour empêcher pendant sept jours les manifestants d’avoir accès à certains endroits. Mais les manifestants ont défié l’interdit, ce qui a entraîné de violents affrontements dans les rues et l’arrestation de près de 400 personnes. Trente et une d’entre elles se sont vu refuser la libération sous caution et doivent répondre à divers chefs d’inculpation, dont celui de tentative de meurtre.
Ces dernières arrestations marquent une troublante tendance à l’intolérance dans les milieux officiels : les Malaisiens commencent à invoquer leur droit à la liberté d’assemblée, qu’ils exercent rarement, comme moyen d’exprimer leurs doléances, dont les médias grand public ne parlent pas.
« En invoquant la loi maintenant, le gouvernement semble vouloir susciter un effet peu rassurant auprès d’une population de plus en plus bruyante, qui défie les avertissements officiels, les arrestations et les passages à tabac par la police anti-émeute pour demander des réformes… par des pétitions et des marches », dit la SEAPA.
Une lettre ouverte au premier ministre Abdullah Badawi, signée par plus de 200 participants à un forum sur « la connaissance en vue du développement », presse le gouvernement d’abandonner les chefs d’accusation et de reconnaître le droit à la liberté d’assemblée et à la liberté d’expression, sans distinction.
Encore la semaine dernière, le 11 décembre, la police malaisienne a arrêté 26 personnes qui faisaient partie d’une délégation de la société civile dépêchée au Parlement pour s’opposer à des propositions de modification constitutionnelle. Parmi ces personnes se trouvait Gayathry Venkiteswaran, directeur général du CIJ. Celles-ci ont été relâchées quelques heures plus tard, mais dix-sept d’entre elles sont en liberté sous caution, en attendant une audition prévue pour la fin du mois.
Consulter les sites suivants :
– SEAPA : http://ifex.org/en/content/view/full/88714/
– CIJ : http://www.cijmalaysia.org/display_story.asp?ID=563
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/3b97tz
– Lettre ouverte : http://tinyurl.com/2jn6qy
– Rapport de 2007 d’Amnistie Internationale sur la Malaisie : http://tinyurl.com/2ve8wm
(18 décembre 2007)