Selon lâInstitut des médias dâAfrique australe (MISA), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et lâInstitut international de la presse (IIP), une récente série de violations de la liberté de la presse donne à penser que le gouvernement zambien a entrepris de mettre au pas les médias indépendants en prévision […]
Selon lâInstitut des médias dâAfrique australe (MISA), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et lâInstitut international de la presse (IIP), une récente série de violations de la liberté de la presse donne à penser que le gouvernement zambien a entrepris de mettre au pas les médias indépendants en prévision des élections cet automne. Parmi les incidents rapportés, retenons lâarrestation du rédacteur en chef du seul journal indépendant du pays et la fermeture dâune station de radio privée.
Le MISA, RSF et lâIIP rapportent que Fred Mâmembe, rédacteur en chef de journal « The Post », a été arrêté le 17 août et accusé de diffamation pénale contre le président Chiluba. Les accusations font suite à un éditorial intitulé « Un voleur comme président », publié le matin même. Selon RSF, Mâmembe aurait écrit que Chiluba « avait détourné des sommes dâargent de leurs fins légitimes pour son usage personnel ». LâIIP rapporte que Mâmembe a été détenu pendant huit heures avant quâun magistrat ne statue que lâarrestation et les accusations étaient illégales. RSF rapporte toutefois que le bureau du président a émis le lendemain une déclaration confirmant lâintention du chef de lâÃtat de « prendre les mesures judiciaires appropriées ». Pour sa part, la British Broadcasting Corporation (BBC) rapportait le 20 août que Mâmembe, le reporter du « Post » Bivan Salueski et deux politiciens dâopposition se seraient réfugiés dans la clandestinité après que des mandats dâarrestation eurent été émis contre eux en rapport avec leurs allégations de corruption présidentielle. Les quatre journalistes se sont présentés à la police de Lusaka, la capitale, le 21 août, rapporte la BBC.
Entre-temps, le 19 août, le gouvernement procédait à la fermeture de la station de radio privée « Radio Phoenix » sous prétexte quâelle nâavait pas renouvelé à temps ses permis de radiodiffusion, rapportent le MISA et lâIIP. Les critiques du gouvernement sont dâavis que celui-ci utilise ce prétexte pour museler la station indépendante. Avant dâêtre fermée, signale lâIIP, « Radio Phoenix » a été la cible ces dernières années de nombreux incidents de harcèlement de la part des autorités. Lâorganisation craint que la décision de suspendre la station de radio « ne sâinscrive dans une campagne plus étendue pour faire taire les médias indépendants, avant les élections qui doivent avoir lieu vers la fin de lâannée ».
Dans une lettre du 14 août au président de la Zambie, le CPJ documente certaines agressions commises récemment contre des journalistes zambiens, agressions qui « semblent constituer des représailles à la couverture critique du président Chiluba et des autres hauts dignitaires du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) ». Le CPJ constate également que le gouvernement a resserré son emprise sur les médias financés par lâÃtat. Lâopération semble avoir commencé par la nomination, le 9 mai, de Vernon Mwaanga au poste de ministre de lâInformation et de la radiodiffusion. Trois semaines plus tard, Mwaanga a dissous les conseils dâadministration des journaux « Zambia Daily Mail » et « The Times of Zambia », de la Zambia National Broadcasting Corporation (la société nationale de radiodiffusion du pays, ZNBC), et de la société dâimprimerie Zambia Printing Company, toutes des entreprises financées par lâÃtat. Les journalistes zambiens ont déclaré au CPJ que le parti pris gouvernemental dans les médias publics ne fait que se renforcer à lâapproche des élections. Pour ce qui est des médias privés, le CPJ fait remarquer quâà la fin juin Mwaanga aurait déclaré à la presse que « dorénavant, il ne tolérerait plus dâinepties de la part des médias privés ».
Pour plus de renseignements, consulter www.misanet.org, www.rsf.org, www.cpj.org et www.freemedia.at.