Les perspectives d’élections présidentielles libres et équitables au Kazakhstan en décembre s’estompent tandis que les autorités mettent fin à la liberté d’expression et réduisent au silence les médias indépendants et les groupes de la société civile, prévient Human Rights Watch. Dans une lettre au président kazakh Nursultan Nazarbaïev, le groupe membre de l’IFEX a fait […]
Les perspectives d’élections présidentielles libres et équitables au Kazakhstan en décembre s’estompent tandis que les autorités mettent fin à la liberté d’expression et réduisent au silence les médias indépendants et les groupes de la société civile, prévient Human Rights Watch.
Dans une lettre au président kazakh Nursultan Nazarbaïev, le groupe membre de l’IFEX a fait part de sa préoccupation à propos des « mesures abusives du gouvernement » visant les médias indépendants et les groupes de la société civile. Des mesures draconiennes sont prises contre les médias indépendants du pays, dit l’organisation.
Le 26 septembre, l’imprimerie Vremya a annulé sans préavis ses contrats avec sept journaux, à savoir « Soz » (« La Voix »), « Svoboda Slova » (« Liberté de parole »), « Epokha » (« Époque »), « Pravda Kazakhstana » (« Vérité du Kazakhstan »), Apta.kz (« Semaine.kz »), « Azat » (« Libération ») et « Zhuma Tayms » (« Le temps du Vendredi »). Aucune explication n’a été fournie.
D’autres imprimeries d’Alma-Ata, la capitale, ont refusé d’imprimer les publications. Après que les rédacteurs des journaux eurent fait la grève de la faim pendant une semaine, l’imprimerie Daur a accepté de publier cinq des journaux. La presque totalité des médias électroniques du Kazakhstan appartenant à des sociétés étroitement associées au gouvernement, les journaux deviennent une autre source vitale d’informations pour les citoyens.
Les médias indépendants sont également visés par plusieurs poursuites judiciaires du gouvernement, inspirées par des motifs politiques, qui accusent les journalistes d’insulter l’« honneur et la dignité » des officiels, dit Human Rights Watch. Au moins quatre journaux, dont « Respublika », « Set’Kz », « Soz » et « Zhuma Tayms Data Nedeli » encourent des poursuites judiciaires pour avoir publié des commentaires critiques de hauts dignitaires du gouvernement.
Par ailleurs, de nouvelles lois sur la sécurité nationale imposent à la libre expression des limites déraisonnables, dit Human Rights Watch. Certaines modifications à la « Loi sur les médias de masse » du pays contiennent des dispositions rédigées de manière délibérément vague, qui ouvrent la porte aux abus politiques.
L’article 2-4 dispose qu’il est possible de fermer les médias s’ils « viol[ent] l’intégrité du Kazakhstan », s’ils excusent l’« extrémisme », et s’ils « minent la sécurité de l’État ». Cette disposition pourrait servir à interdire la couverture de l’opposition politique ou à empêcher les journalistes de dévoiler des crimes commis par des responsables du gouvernement, fait valoir Human Rights Watch.
Les médias qui publient sur Internet subissent aussi les pressions du gouvernement. Ces derniers mois, on a bloqué l’accès aux sites web critiques de Nazarbaïev et de ses politiques. On retrouve parmi ces sites Navigator (http://www.navi.kz), Evrazia et Kub.
Les journalistes et les médias indépendants ne sont pas les seules cibles des pressions gouvernementales. Plus de 30 groupes de la société civile, dont Adil Soz (Fondation internationale pour la Protection de la liberté de parole), font l’objet d’enquêtes fiscales et sont accusés de transmettre de l’argent venant de l’Ouest à des partis politiques d’opposition, fait remarquer Human Rights Watch.
Des organisations étrangères, parmi lesquelles l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR), la Fondation Eurasia, Internews et la Fondation Soros Kazakhstan sont soumises à des vérifications de leurs livres comptables qui remontent plusieurs années en arrière.
Dans Ie sillage des révolutions démocratiques en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ces dernières années, les efforts en vue de réduire la dissidence au silence à la veille des élections du 2 décembre semblent traduire la nervosité du gouvernement devant l’éventualité d’une révolte du même genre au Kazakhstan.
Pour des mises à jour sur la situation de la liberté d’expression au Kazakhstan, aller à :
http://ifex.org/en/content/view/full/181/
Consulter les sites suivants :
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2005/10/12/kazakh11853.htm
– Reporters sans frontières :
http://www.rsf.org/une_pays-31.php3?id_mot=343&Valider=OK
– Adil Soz: http://www.adilsoz.kz/?id=207&lan=english
– Comité pour la protection des journalistes : http://www.cpj.org/attacks04/europe04/kazak.html
– Rapport de Freedom House : http://www.freedomhouse.org/research/freeworld/2004/countryratings/kazakhstan.htm
– IWPR : http://www.iwpr.net/centasia_index1.html
– EurasiaNet : http://www.eurasianet.org/index.shtml
– Le message des États-Unis est centré sur la démocratie :
http://www.guardian.co.uk/worldlatest/story/0,1280,-5340872,00.html
– Radio Free Europe : http://www.rferl.org/