Les journalistes du Sri Lanka qui couvrent la guerre entre le gouvernement et les rebelles tamouls sont devenus la dernière cible des attaques – et le gouvernement montre peu d’intérêt à les protéger, font savoir le Free Media Movement (FMM) et d’autres groupes membres de l’IFEX. Un journaliste de la télévision sri lankaise a été […]
Les journalistes du Sri Lanka qui couvrent la guerre entre le gouvernement et les rebelles tamouls sont devenus la dernière cible des attaques – et le gouvernement montre peu d’intérêt à les protéger, font savoir le Free Media Movement (FMM) et d’autres groupes membres de l’IFEX.
Un journaliste de la télévision sri lankaise a été poignardé à mort le 28 mai dans la région nord, où sévit le conflit. D’après les dépêches, la police a déclaré qu’une foule s’est attaquée à P. Devakumar qui circulait à moto dans le village de Navanthurai, situé dans la péninsule de Jaffna. Un ami de Devakumar a également été tué dans cet attentat, dit le FMM. La police a déclaré à des reporters qu’il était trop tôt pour songer à de possibles suspects.
Devakumar comptait parmi un petit nombre de journalistes qui travaillent à Jaffna, une ville qui vit sous contrôle militaire depuis plus d’une décennie et qui a été le champ de bataille entre les rebelles des Tigres tamouls et le gouvernement. De nombreux journalistes qui vivaient et travaillaient à Jaffna ont abandonné leur travail, par crainte pour leur vie, dit le FMM.
Le mois dernier, Keith Noyahr, journaliste d’expérience et rédacteur en chef adjoint à l’hebdomadaire en langue anglaise « The Nation », a été enlevé et tabassé gravement. FMM croit qu’il a été attaqué à cause de sa couverture indépendante du conflit qui fait rage dans le nord.
De hauts fonctionnaires du ministère de la Défense ont ensuite convoqué deux journalistes chevronnés qui avaient aidé à organiser une protestation pour exiger une enquête dans l’affaire Noyahr, et leur ont dit qu’il était inacceptable pour des journalistes – surtout ceux qui travaillent pour les médias d’État – de critiquer les forces armées. Le gouvernement a aussi déclaré qu’il ne pourrait pas prévenir des « actions » contre les journalistes s’ils devaient continuer à critiquer la politique du gouvernement, dit le FMM.
Par ailleurs, l’Institut de la presse du Sri Lanka (Sri Lanka Press Institute), une organisation-parapluie qui rassemble des groupes de défense des médias dont FMM, a reçu la semaine dernière la visite inattendue de membres du personnel militaire qui ont posé des questions sur certains employés clés. L’Institut se dit préoccupé par « le moment de la ‘visite’, qui survient immédiatement après l’enlèvement (de Noyahr), son agression et l’hospitalisation qui en a résulté ».
En attendant que les coupables soient trouvés et châtiés, le FMM « tient le gouvernement responsable de l’enlèvement de Noyahr et de son agression, et fait remarquer que le gouvernement fait peu pour faire cesser les violations de la liberté des médias et des agressions contre les journalistes au Sri Lanka ».
Dans une autre affaire distincte, le FMM rapporte que des inconnus ont fait irruption le 29 mai au domicile de Sirimevan Kasthuriarachchi, un reporter d’expérience spécialisé dans les questions de défense au journal « Sinhala Divaina », et l’ont mis en garde contre des reportages sur des questions liées à la défense et à l’armée sri lankaise.
Et encore en mars dernier, les forces gouvernementales ont arrêté J.S. Tissainayagam, éminent chroniqueur du journal « The Sunday Times », également rédacteur d’un site web de nouvelles tamoules, en même temps que plusieurs collègues de son site web. Il demeure incarcéré. Il avait fait paraître en février une chronique intitulée « Enfants soldats : Ce que le rapport du gouvernement n’a pas dit ».
Selon les membres de l’IFEX, le Sri Lanka est l’un des endroits les plus dangereux du monde pour les journalistes. Neuf reporters et travailleurs des médias y ont perdu la vie depuis l’escalade des combats en 2006, dit le FMM. Trois autres journalistes ont été enlevés par des inconnus et on est sans nouvelles d’eux depuis. Il n’y a pas eu un seul cas d’attaque ou de menace dans lesquels la police ait entrepris de faire rendre des comptes aux auteurs de ces crimes, dit le FMM.
Sous la direction de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), 40 groupes ont joint leurs forces dans une campagne internationale pour « faire cesser la guerre contre les journalistes » qui fait rage dans ce pays déchiré par les conflits.
Consulter les sites suivants :
– Alertes du FMM : http://freemediasrilanka.wordpress.com
– Page de l’IFEX sur le Sri Lanka : http://tinyurl.com/268xay
– Campagne de la FIJ : http://tinyurl.com/6xupkj
(3 juin 2008)