Des dizaines de groupes de défense des droits pressent le président du Bélarus de ne pas ratifier une nouvelle loi sur les médias qui impose des limites à l’Internet, l’une des dernières sources d’information indépendante qui reste dans le pays. Le projet de loi, adopté en dernière lecture à la chambre basse du Parlement le […]
Des dizaines de groupes de défense des droits pressent le président du Bélarus de ne pas ratifier une nouvelle loi sur les médias qui impose des limites à l’Internet, l’une des dernières sources d’information indépendante qui reste dans le pays.
Le projet de loi, adopté en dernière lecture à la chambre basse du Parlement le 24 juin et à la chambre haute le week-end dernier, exige de tous les sites Internet provenant du Bélarus qu’ils s’enregistrent auprès du gouvernement, indiquent l’Association des journalistes du Bélarus (AJB) et d’autres groupes de défense de la liberté de la presse. De nombreux journaux indépendants, que les autorités ont fermés, sont revenus sur Internet.
Selon Reporters sans frontières (RSF), la législation interdit en outre à tous les médias locaux d’accepter des fonds de l’étranger. Cette restriction touche environ 30 publications qui reçoivent actuellement de l’argent des États-Unis ou de l’Union Européenne. Les autorités auraient également plus de pouvoirs pour fermer des médias, sans avoir à fournir d’explications, dit RSF.
Les journalistes aussi courent des risques – d’après certaines dépêches, ils peuvent être incarcérés pendant deux ans s’ils reprennent des reportages de médias étrangers qui « discréditent le Bélarus ». Les reporters qui n’ont pas l’accréditation du gouvernement seraient interdits de travailler pour des médias d’informations étrangers, dit l’AJB.
RSF et l’AJB qualifient le projet de loi, qui émane du bureau du président Aleksandr Lukachenko, de « répressif » et prédisent une accentuation de la censure. Le gouvernement fait valoir qu’il faut réglementer l’Internet afin de protéger les Bélarusses contre ses « effets négatifs » et contre la propagande étrangère.
De plus, le projet de loi a été précipité au Parlement, dit l’AJB – le gouvernement ne l’a déposé que le 10 juin, laissant à des groupes comme l’AJB peu de possibilités de mobiliser les Bélarusses pour s’y opposer.
Le projet de loi a reçu l’agrément définitif de la chambre basse du Parlement par un vote de 96 à 2. Il reste désormais au président à le ratifier avant qu’il ne prenne effet.
Huit organisations internationales de défense des droits, dont le PEN de Norvège, ARTICLE 19 et Index on Censorship, qui sont membres de l’IFEX, ont lancé un appel au président pour qu’il refuse de ratifier cette nouvelle loi, susceptible de « rendre encore plus restrictif un régime réglementaire déjà indûment sévère pour les médias » au Bélarus. Des dizaines de sites web de nouvelles du Bélarus ont rempli leurs pages de bandeaux noirs et ont gardé le silence sur leurs blogues pendant une heure le 25 juin, en signe de protestation contre le projet de loi, dit l’AJB.
Les nouvelles restrictions arrivent avant les élections parlementaires, que Lukachenko, qualifié de dernier dictateur d’Europe, vient d’annoncer pour le 28 septembre. Le dirigeant d’opposition, Alexander Milinkevich, a déjà déclaré qu’il ne participerait pas aux élections parce qu’il est peu probable qu’elles soient démocratiques.
Consulter les sites suivants :
– Lettres des groupes de défense des droits aux autorités du Bélarus :
http://tinyurl.com/52jkg4
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=27732
– AJB : http://baj.by/?newlang=eng
– Revue du projet de loi par le Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias, et recommandations : http://tinyurl.com/5d8y6y
– AP : http://tinyurl.com/6aandu
– Page de l’International Media Support (IMS) sur le Bélarus : http://tinyurl.com/57yn4q
– Conférence sur la démocratisation des médias au Bélarus :
http://baj.by/m-p-viewpub-tid-1-pid-5055.html
(llustration : L’AJB demande aux Bélarusses et à la communauté internationale de dénoncer la récente vague de répression ditigée contre les médias au Bélarus. Illustration courtoisie de l’AJB)
(2 juillet 2008)