Le contrôle qu’exerce le gouvernement russe sur la télévision nationale et son recours à une réglementation répressive, au harcèlement et à des attaques contre les journalistes qui couvrent le conflit en Tchétchénie privent le public russe d’informations sur les atrocités qui y sont commises, selon les constatations du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), […]
Le contrôle qu’exerce le gouvernement russe sur la télévision nationale et son recours à une réglementation répressive, au harcèlement et à des attaques contre les journalistes qui couvrent le conflit en Tchétchénie privent le public russe d’informations sur les atrocités qui y sont commises, selon les constatations du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au terme d’une enquête qui aura duré un an.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, le Président Vladimir Poutine a procédé à une série de nominations politiques chez les influents radiodiffuseurs d’État du pays, à savoir « Canal Un » et « RTR », afin d’assurer une couverture sympathique et des positions rédactionnelles favorables au gouvernement, dit le CPJ.
Le gouvernement a entrepris également de faire taire les médias indépendants qui offrent une couverture critique du gouvernement en les fermant ou en les contrôlant par l’entremise de sociétés ayant des liens étroits avec le Kremlin. En 2001, la société gazière Gazprom, administrée par l’État, a acquis l’influente chaîne de télévision privée « NTV » à l’occasion d’une prise de contrôle hostile.
En 2002, un tribunal a ordonné la fermeture de « TV-6 », tandis que les autorités fermaient « TVS » en 2003. En 2004, le Kremlin est allé encore plus loin en purgeant la télévision nationale de presque toutes les émissions d’affaires publiques ayant quelque substance et de tous les animateurs qui affichaient un esprit trop indépendant, fait remarquer le CPJ.
Le Kremlin a aussi imposé de lourdes restrictions aux reporters et aux équipes de tournage qui entrent en Tchétchénie, dit le CPJ. Seuls les journalistes approuvés sont autorisés à pénétrer dans la zone de conflit et doivent être accompagnés d’une escorte militaire.
Les journalistes locaux en Tchétchénie risquent le harcèlement bureaucratique et une obstruction intense. De plus, les journalistes et les médias étrangers sont la cibles de pressions pour qu’ils censurent leurs reportages sur ce conflit ? une sanglante guerre de six ans qui a fait des dizaines de milliers de morts, civils pour la plupart.
La dernière man?uvre du ministère russe des Affaires étrangères a consisté en l’annonce, le 2 août 2005, qu’il empêcherait les reporters du réseau ABC de la télévision américaine de s’adresser à des responsables du gouvernement, ajoutant que leurs accréditations ne seraient pas renouvelées lorsqu’elles arriveraient à leur terme, selon ce que rapportent le CPJ et Reporters sans frontières (RSF). Cette mesure fait suite à la diffusion récente d’une entrevue avec le leader rebelle tchétchène Shamil Basayev à l’émission d’information « Nightline » du réseau ABC.
Basayev a revendiqué la responsabilité de nombreuses actions violentes, notamment l’attentat de septembre 2004 contre une école à Beslan, attentat qui a coûté la vie à 330 otages, dit le CPJ. Les autorités russes ont offert une récompense de 10 millions $ US pour sa capture. L’entrevue était menée par le journaliste russe Andreï Babitsky, persécuté par les autorités à cause de ses reportages sur la guerre en Tchétchénie.
Au début de l’année, les autorités russes ont tenté d’exercer des pressions sur les gouvernements de Grande-Bretagne et de Suède après que des médias indépendants dans ces pays eurent diffusé des entrevues avec Basayev.
Le 24 mars, l’ambassade de Russie à Stockholm avait critiqué l’agence de nouvelles indépendante « TT », de Suède, parce qu’elle avait diffusé une entrevue. Un mois plus tôt, le 3 février, le ministère russe des Affaires étrangères avait prié les autorités britanniques d’empêcher la station de télévision indépendante « Channel 4 » de diffuser une entrevue similaire avec Basayev. Le Foreign Office de Grande-Bretagne avait déclaré qu’il ne pouvait s’ingérer dans les politiques rédactionnelles de la station.
Selon le CPJ, ces mesures démontrent l’intolérance croissante du Kremlin vis-à-vis de tout genre de critique lorsqu’il est question de la Tchétchénie. Beaucoup de membres de l’IFEX, dont le CPJ, RSF, l’Institut international de la presse, Human Rights Watch et Freedom House, ont exprimé de graves préoccupations devant les violations des droits de la personne en Tchétchénie.
D’après Freedom House, « les forces tchétchènes favorables à Moscou et les forces armées russes continuent à commettre de graves violations des droits internationaux de la personne et du droit humanitaire ? y compris les disparitions forcées, la torture et les exécutions extrajudiciaires ? dans l’impunité presque la plus complète, dans un climat d’anarchie et de chaos ».
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14576
– Rapport sur la Russie: http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13431&Valider=OK
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Russia02aug05na.html
– Reportage d’ABC sur Basayev : http://abcnews.go.com/Nightline/International/story?id=990187&page=1
– Analyse de la couverture de la guerre en Tchétchénie par le CPJ : http://www.cpj.org/regions_05/europe_05/rebels_reporters.pdf
– Dossier de Freedom House sur la Russie : http://www.freedomhouse.org/research/freeworld/2005/FITWRUSSIA05.pdf
– Mise à jour de Human Rights Watch sur la Tchétchénie : http://www.hrw.org/doc?t=europe&c=russia
– Surveillance de la Russie par l’IIP : http://www.freemedia.at/r_wl_russia.htm
– Centre pour le journalisme en situations extrêmes : http://www.cjes.ru/bulletin/?lang=eng