Reporters sans frontières (RSF) rapporte que José Luis Ortega Mata, directeur de lâhebdomadaire « Semanario de Ojinaga », a été abattu le 19 février 2001 de deux balles dans la tête. Lâhebdomadaire est diffusé dans le nord de lâÃtat de Chihuahua et de lâautre côté de la frontière, à Odessa et Midlan, au Texas. RSF rapporte que […]
Reporters sans frontières (RSF) rapporte que José Luis Ortega Mata, directeur de lâhebdomadaire « Semanario de Ojinaga », a été abattu le 19 février 2001 de deux balles dans la tête. Lâhebdomadaire est diffusé dans le nord de lâÃtat de Chihuahua et de lâautre côté de la frontière, à Odessa et Midlan, au Texas. RSF rapporte que le journaliste avait publié dans lâédition du 15 février des informations sur le trafic de drogue dans la région. « Les Ãtats du nord du Mexique, frontaliers avec les Ãtats-Unis, constituent une région particulièrement dangereuse pour les journalistes », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Depuis 1991, au moins deux autres journalistes ont été tués dans le cadre de leur travail dans lâÃtat de Chihuahua.
Lâassassinat illustre avec force le défi de taille que doivent relever le Mexique et son nouveau président, Vicente Fox, sâils veulent créer un environnement favorable aux médias. Le 28 février dernier, Fox déclarait devant une délégation de la Société interaméricaine de la presse (SIP) que « lâÃtat ne devrait pas sâingérer » dans les activités de la presse. « Je suis convaincu, a-t-il dit, de la nécessité de la transparence totale et dâune grande liberté pour la presse, sans aucun genre de réglementation ni intervention de la part de lâÃtat. » Fox est entré en fonctions le 1er décembre dernier. La SIP, pour qui « la meilleure loi sur la presse, câest quâil nây ait pas de loi du tout », se dit très satisfaite de lâengagement pris par le président de ne pas réglementer la presse.
La délégation de la SIP a demandé que le gouvernement mexicain accorde davantage dâattention aux crimes commis contre les journalistes et qui restent impunis, quâil adopte de nouvelles lois pour assurer lâaccès à lâinformation et quâil abroge la loi restrictive de 1917 sur la presse. La SIP a demandé au président de considérer lâassassinat dâun journaliste comme un crime commis en contravention de la loi fédérale, et elle a donné à Fox des documents sur vingt autres cas dâassassinats de journalistes commis au cours des quinze dernières années et restés impunis.
Selon la SIP, Fox a insisté sur lâengagement du Mexique de respecter « lâentière liberté dâexpression », quâil a qualifiée de « conviction inébranlable et [dâ]obligation en vertu de la nouvelle culture démocratique que nous nous efforçons de bâtir ». Le président a déclaré que son gouvernement étudiait les lois en matière dâaccès à lâinformation, proposées dans dâautres pays dâAmérique latine, afin de permettre au Mexique de préparer une bonne loi. Il a promis de maintenir un canal de communication avec la SIP, pour discuter des questions des médias, et aussi de regarder de près les recommandations issues dâun forum de discussion sur la liberté dâexpression, organisé par la SIP, et qui a rassemblé des éditeurs, des universitaires, des législateurs et des journalistes.
Selon ABC News, en plus de demander une loi sur la liberté de lâinformation, les chefs des salles des nouvelles veulent que Fox adopte une loi définissant les critères selon lesquels sera accordée la publicité officielle dans les médias dâinformation, de sorte quâelle ne serve pas à récompenser des amis ou à punir des journaux critiques. Les directeurs des publications, dit ABC, tentent aussi dâobtenir lâadoption dâune loi qui reconnaîtrait aux journalistes le droit de protéger lâidentité de leurs sources, et une autre pour restructurer les médias qui appartiennent au gouvernement.