Des élections libres et équitables étaient hors de portée des Cambodgiens la semaine dernière, en partie à cause du quasi-monopole que le parti au pouvoir exerce sur les médias électroniques, affirment Human Rights Watch et d’autres groupes membres de l’IFEX. Les onze partis politiques qui se faisaient la lutte à l’élection du Parlement national du […]
Des élections libres et équitables étaient hors de portée des Cambodgiens la semaine dernière, en partie à cause du quasi-monopole que le parti au pouvoir exerce sur les médias électroniques, affirment Human Rights Watch et d’autres groupes membres de l’IFEX.
Les onze partis politiques qui se faisaient la lutte à l’élection du Parlement national du 27 juillet n’ont pas eu un accès égal à la radio et à la télévision, « de loin la source d’informations la plus importante pour la plupart des Cambodgiens », dit Human Rights Watch.
Les informations diffusées à la télévision et à la radio vont presque exclusivement dans un sens favorable au parti au pouvoir, le Parti du peuple cambodgien (PPC), et au Premier ministre Hun Sen – en violation des règles régissant les campagnes électorales au Cambodge.
« L’absence d’accès équitable aux médias électroniques suffit à elle seule à délégitimer l’élection », dit Human Rights Watch. « Quand les électeurs ne peuvent obtenir d’informations fiables et que leurs choix sont déterminés par la peur, l’élection perd tout son sens. »
L’élection survient dans le sillage du violent assassinat du journaliste d’opposition Khim Sambo et de son fils, qui ont été abattus à Phnom Penh le 11 juillet. Sambo était depuis plus de dix ans reporter au « Moneaksekar Khmer » (« La Conscience Khmère »), un journal affilié au Parti Sam Rainsy (PSR), d’opposition, et qui compte parmi la poignée de journaux qui gardent avec persistance une attitude critique à l’égard du gouvernement. Il était connu pour ses articles percutants sur la corruption gouvernementale, la coupe de bois illégale et la spéculation foncière. Personne n’a été arrêté en rapport avec cet homicide.
À l’époque, l’Association cambodgienne pour la protection des journalistes (Cambodian Association for the Protection of Journalists, CAPJ) avait déclaré que l’attentat avait été prévu pour susciter chez les journalistes et les membres de l’opposition un « climat de peur » avant l’élection.
Bien que la violence ait diminué par rapport aux campagnes précédentes, où des centaines de personnes sont mortes dans des attentats politiques, la campagne qui a précédé l’élection de juillet a été marquée par des efforts calculés de la part du PPC pour harceler et intimider les membres de l’opposition et les journalistes.
En juin, la police militaire a arrêté le rédacteur en chef du « Moneaksekar Khmer », Dam Sith, qui était en outre candidat du PSR à l’élection, après que le journal eut rapporté des allégations concernant le rôle d’un ancien ministre sous le régime des Khmers Rouges. Sith a été relâché après plusieurs jours de détention, mais des accusations de nature criminelle en rapport avec l’article sont toujours pendantes.
D’après la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et la CAPJ, le gouvernement a en outre forcé la fermeture, pendant la campagne électorale, du supplément d’un journal et d’une station de radio, à cause de litiges entourant la délivrance de permis.
« Dans les conditions actuelles, les élections au Cambodge dévaluent le processus et mettent un scrutin juste et libre encore davantage hors de la portée du peuple cambodgien », dit Human Rights Watch.
D’après les nouvelles, Hun Sen, un ancien communiste au pouvoir depuis deux décennies, a probablement accru sa majorité à l’élection, soutenu par la prospérité croissante et par une dispute nationaliste avec la Thaïlande voisine. Aucun des partis politiques ne semble entamer le pouvoir du PPC, qui se trouve renforcé par le contrôle étroit exercé sur les médias et la répression de ses adversaires.
La FIJ presse tous les journalistes, les rédacteurs et les propriétaires de médias de s’assurer que la sûreté et la protection des journalistes constituent une priorité élevée pendant l’élection et après.
Consulter les sites suivants :
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/6phgwq
– FIJ : http://tinyurl.com/5q8586
– « Communiqué de l’IFEX », à propos du meurtre de Sambo (16 juillet) :
http://ifex.org/fr/content/view/full/95509/
– Page de l’IFEX sur le Cambodge : http://tinyurl.com/5cw9yv
(30 juillet 2008)