Les médias du Kenya ont été « frappés de stupeur » par l’adoption surprise d’une loi sur les médias qui contraindrait les journalistes à divulguer leurs sources devant les tribunaux, selon ce qu’indique le Media Institute basé à Nairobi. Le 4 août 2007, moins de 30 députés, sur les 222 que compte le parlement, ont […]
Les médias du Kenya ont été « frappés de stupeur » par l’adoption surprise d’une loi sur les médias qui contraindrait les journalistes à divulguer leurs sources devant les tribunaux, selon ce qu’indique le Media Institute basé à Nairobi.
Le 4 août 2007, moins de 30 députés, sur les 222 que compte le parlement, ont adopté un amendement déposé à la dernière minute sur le projet de loi prévoyant la création d’un Conseil des médias du Kenya. Celui-ci se lit dorénavant comme suit : « Lorsqu’un reportage inclut des parties qui ne sont pas désignées nommément et que ces parties deviennent le sujet d’une joute judiciaire pour savoir de qui on parle, le rédacteur a l’obligation de divulguer l’identité de la ou des parties en cause. »
Le gouvernement fait valoir que la loi aura pour effet de renforcer l’éthique journalistique, mais les analystes de la liberté de la presse soutiennent qu’elle limitera la liberté de la presse, intimidera les sources et soumettra les médias à des conflits judiciaires indus. L’association des avocats du Kenya, les politiciens, les églises, les organisations de défense des droits de la personne et de la liberté de la presse disent tous que la loi est inconstitutionnelle et qu’elle contredit une autre loi qui protège ceux qui dénoncent des affaires de corruption. Le projet de loi entre aussi en conflit avec les conventions internationales concernant la liberté de la presse, que le Kenya a ratifiées, ajoute l’association des avocats du Kenya.
L’adoption de l’amendement s’éloignait des négociations informelles qui ont limité d’autres propositions comme l’attribution d’un permis aux journalistes. Les organisations de défense des médias sont déterminées à en contester la constitutionnalité si le président Mwai Kibaki devait ratifier ce projet de loi.
Le ministre de l’Information, Mutahi Kagwe, a demandé au procureur général de clarifier l’amendement, rapporte la BBC. Si l’amendement est jugé fautif, dit le ministre, il demandera au président de le renvoyer devant le Parlement.
Reporters sans frontières (RSF) presse Kibaki de rejeter le projet de loi, affirmant qu’il est « contraire aux normes démocratiques universelles […] Cette disposition signifierait que la confidentialité des sources, condition fondamentale et essentielle de la liberté de la presse, ne serait plus garantie. »
L’Association des propriétaires de médias (Media Owners Association, MOA) a également soumis une requête au président pour qu’il rejette le projet de loi sur les médias, soulignant qu’il porterait un coup fatal à la liberté de l’information. Le président de la MOA, Hanington Gaya, a déclaré qu’« il n’y a pas de moyen de fonctionner efficacement si nous n’avons pas le droit de protéger nos sources. Les particuliers qui disposent de renseignements essentiels ne peuvent les transmettre que sur la garantie que leur identité ne sera pas révélée. Ils doivent, après tout, protéger leur emploi, leur famille, leur vie privée et leur sécurité personnelle. »
Les relations du gouvernement avec les médias sont malaisées depuis que des policiers masqués ont effectué en 2006 une descente à l’imprimerie du journal « Standard » et ont fermé la chaîne de télévision KTN, parce qu’elle aurait incité à la haine ethnique. En avril dernier, le gouvernement a ordonné le boycott de la publicité au groupe Standard.
Consulter les sites suivants :
– Requête des propriétaires de médias : http://allafrica.com/stories/200708070830.html
– Le gouvernement sollicite des conseils : http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/6939127.stm
– Rapport citoyen : http://tinyurl.com/2xlfvh
(14 août 2007)