Au Liban, les journalistes qui critiquent l’influence de la Syrie dans le pays le font à leurs risques et périls. Depuis avril 2005, trois d’entre eux ont été la cible de tentatives d’assassinat. La dernière victime en date est la présentatrice des nouvelles May Chidiac, blessée grièvement le 25 septembre par l’explosion d’une bombe dissimulée […]
Au Liban, les journalistes qui critiquent l’influence de la Syrie dans le pays le font à leurs risques et périls. Depuis avril 2005, trois d’entre eux ont été la cible de tentatives d’assassinat. La dernière victime en date est la présentatrice des nouvelles May Chidiac, blessée grièvement le 25 septembre par l’explosion d’une bombe dissimulée dans sa voiture près de Jounieh, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Chidiac animait une émission de discussions d’affaires publiques à la Lebanese Broadcasting Corporation et est connue pour ses critiques acerbes de la Syrie. Le matin de l’attentat, elle animait une émission où était évoquée la possibilité d’une participation de la Syrie au meurtre, en février 2005, de l’ancien premier ministre Rafik Hariri, et de la crainte dans le public d’un retour de la violence à la veille de la publication d’un rapport des Nations Unies sur cet assassinat, rapporte le CPJ. Chidiac est dans un état grave mais stable. Elle a perdu un bras et une jambe dans l’explosion.
Dix jours auparavant, Ali Ramez Tohme, un journaliste qui a publié récemment un ouvrage sur Hariri, a échappé à une tentative d’assassinat du même genre. Une bombe a explosé sous le siège du conducteur de sa voiture, mais il ne se trouvait pas à bord. Tohme a trouvé un document dans lequel on menaçait de le tuer à l’extérieur du domicile de ses parents, à Mazboud. C’était signé Jund Ash-Sham, nom d’un groupe terroriste qui revendique la responsabilité du meurtre de Hariri.
Le 2 juin, le populaire chroniqueur de journal Samir Kassir a été tué dans l’explosion d’une bombe également placée sous sa voiture, stationnée à l’extérieur de son domicile de Beyrouth. Kassir était une voix critique à l’égard de la Syrie et de ses politiques au Liban. Ses chroniques au journal « Al-Nahar » ont contribué à inspirer des manifestations massives de protestation qui ont contraint en avril la Syrie à retirer ses troupes du pays.
La FIJ appelle les autorités libanaises et les Nations Unies à mener une enquête spéciale sur l’attentat contre Chidiac et l’assassination de Kassir, et à accorder une plus grande protection aux journalistes qui travaillent dans le pays.
La Syrie joue un rôle important dans la politique libanaise et exerce des pressions considérables sur les médias libanais, fait remarquer le CPJ. Les critiques de la Syrie dans la presse ont été étouffées pendant la majeure partie des 29 années qu’elle a maintenu des troupes dans le pays.
Consulter les sites suivants :
– RSF:
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=15128
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=3394&Language=EN
– Les assassinats hantent les journalistes libanais : http://tinyurl.com/aog3p
– Des indices émergent dans l’affaire Chidiac : http://tinyurl.com/7advh