Plusieurs journalistes et militants de la société civile au Kenya ont été arrêtés la semaine dernière tandis qu’ils protestaient contre l’adoption d’un nouveau projet de loi en matière de communications, aux termes duquel les autorités seraient investies de pouvoirs extrêmement étendus, rapporte le Media Institute (MI). L’équipe du matin de la station de radio Kiss […]
Plusieurs journalistes et militants de la société civile au Kenya ont été arrêtés la semaine dernière tandis qu’ils protestaient contre l’adoption d’un nouveau projet de loi en matière de communications, aux termes duquel les autorités seraient investies de pouvoirs extrêmement étendus, rapporte le Media Institute (MI).
L’équipe du matin de la station de radio Kiss FM, les co-animateurs Larry Asego et Mzee Jalang’o, ainsi que la première présentatrice du Kenya, Caroline Mutoko, ont été arrêtés tandis qu’ils manifestaient contre le projet de loi et contre le coût élevé de la nourriture et le refus des députés de payer des impôts, lors des célébrations du Jour de l’Indépendance, le 12 décembre dernier à Nairobi.
L’ancien directeur de Transparency International (Kenya), Mwalimu Mati, et de nombreux autres militants de la société civile, portant des t-shirts noirs, ont aussi été arrêtés et enfermés en divers postes de police de Nairobi.
MI, la Guilde des rédacteurs du Kenya (Kenya Editors Guild, KEG) et l’Association des journalistes du Kenya (Journalists Association of Kenya) ont condamné les arrestations, dans lesquelles ils voient le retour à la dictature et la violation des libertés fondamentales, une situation qu’ils jugent « ironique » au moment où le pays célèbre 45 ans d’indépendance des Britanniques.
Le projet de loi (modification) de 2008 sur les Communications au Kenya a été adopté le 10 décembre, en dépit de consultations de coulisses qui ont duré des mois entre responsables du gouvernement, politiciens et intervenants des milieux industriels. Le projet de loi est devant le président Mwai Kibaki, qui a deux semaines pour décider de le ratifier ou non. Les membres de l’IFEX préparent une lettre conjointe à envoyer à Kibaki.
D’après MI, le projet de loi habilitera le ministre de la Sécurité intérieure à prendre le contrôle des médias et à saisir l’équipement en invoquant la sécurité de l’État – sans s’en référer à quelque autre autorité.
Par ailleurs, le ministre de l’Information et des Communications dispose également du pouvoir de fouille, de perquisition et de saisie d’équipement de radiodiffusion, en plus du droit d’intercepter et de divulguer les conversations téléphoniques, les courriels et la correspondance, dit MI.
Ces modifications investissent en outre le ministre de l’Information de pouvoirs très étendus pour contrôler ce qui peut être radiodiffusé, quand et sous quelle forme. Le ministre désigne aussi la composition de la Commission des Communications, dominée par le gouvernement, qui a pour mandat d’accorder des permis aux radiodiffuseurs et de s’assurer que les émissions sont « de bon goût ».
Parmi les autres dispositions, les pénalités prévues pour délits de presse – amendes et prison – sont aussi accrues, ce qui laisse présager « une attitude discriminatoire et vindicative à l’égard des médias », dit MI.
« Ce projet de loi est inacceptable dans un pays qui se prétend démocratique, parce qu’il enlève littéralement la liberté d’expression fondamentale et viole les articles de la Constitution qui la garantissent », a dit le directeur de MI, David Makali.
Les analystes croient que les députés ont adopté ce projet de loi en représailles aux critiques entourant les allocations des députés qui, selon les médias devraient être imposées. Les députés kenyans figurent parmi les élus les plus grassement payés du monde. Selon MI, certains députés, irrités par la campagne tous azimuts lancée contre le projet de loi, ont déclenché une attaque cinglante contre les médias et se sont juré de le faire adopter.
D’après MI, d’autres manifestations sont prévues pour faire pression sur le président Mwai Kibaki afin qu’il rejette le projet de loi.
Consulter les sites suivants :
– MI : http://eastafricapress.net/
– MI, à propos des protestations : http://tinyurl.com/4xv5qt
– Lettre de Reporters sans frontières à Kibaki : http://tinyurl.com/4osqol
– Page de l’IFEX sur le Kenya : http://tinyurl.com/35fzq8
(17 décembre 2008)