La Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Amnistie Internationale en appellent au président de la Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, pour qu’il mette fin au harcèlement des autorités contre les journalistes qui couvrent le trafic de drogue dans ce pays d’Afrique […]
La Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Amnistie Internationale en appellent au président de la Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, pour qu’il mette fin au harcèlement des autorités contre les journalistes qui couvrent le trafic de drogue dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Au moins quatre journalistes se sont réfugiés dans la clandestinité par crainte d’être assassinés en raison de leur divers reportages qui désignent les forces armées du pays, surtout les marines, comme des collaborateurs majeurs du commerce de la drogue. Leurs reportages faisaient suite à la désignation, par les Nations Unies, de la Guinée-Bissau comme point de transit clé du trafic de la drogue en Afrique.
Selon les sources de la MFWA, l’armée, outrée du rapport de l’ONU, a entrepris la répression des journalistes qu’elle soupçonne de distribuer des informations aussi « nuisibles ».
À la suite d’une plainte du chef de la marine, le reporter Albert Dabo, journaliste de Reuters, du service en langue française de la BBC et de la station de radio privée « Bombolom FM », a été inculpé le 29 août de diffamation, de viol de secrets d’État, de violation de la liberté de la presse et de collusion avec des journalistes étrangers.
Le chef de la marine, Jose Americo Bubo Na Tchuto, allègue que, lors d’une entrevue qu’il donnait à ITN News de Grande Bretagne, au cours de laquelle Dabo servait d’interprète, celui-ci lui avait attribué faussement une déclaration admettant la complicité de haut niveau des milieux officiels dans le trafic de drogue.
La semaine dernière, la FIJ a appelé le président Vieira à presser Na Tchuto de retirer ses accusations contre Dabo et de mettre fin aux menaces militaires contre lui. Dabo soutient recevoir des menaces de mort depuis juin, ce qui l’a conduit brièvement dans la clandestinité.
Les menaces contre un autre reporter qui couvre le commerce de la drogue l’ont aussi contraint à l’exil. Allen Yéro Emballo, correspondant de Radio France Internationale et de l’Agence France Presse, a fui la Guinée-Bissau en juillet par peur pour sa sûreté après que son domicile eut été cambriolé et qu’il eut été menacé. Emballo est rentré chez lui en juin pour trouver son domicile dévalisé après une mission dans l’archipel des Bijagos, au sud de la capitale. Il s’était absenté pour enquêter sur des paquets dont on soupçonnait qu’ils contenaient de la drogue et qui avaient été largués par des avions.
D’après la MFWA, les journalistes Eva Maria Auzenda Biague et Fernando Jorge Perreira sont aussi entrés dans la clandestinité en juillet après que la police leur eut ordonné de se présenter au poste de police le plus rapproché à cause de leurs reportages. Les quatre journalistes craignaient d’être détenus et torturés dans une base militaire, étant donné que le pays n’a pas d’installations carcérales.
Les militants des droits de la personne accusent les autorités de tenter d’intimider les journalistes pour qu’ils s’abstiennent d’enquêter sur les allégations de leur participation au trafic de drogue.
« Pour montrer qu’ils ne sont nullement impliqués dans le trafic de drogue, les responsables du gouvernement et de l’armée devraient s’assurer que les journalistes qui couvrent le trafic de drogue peuvent travailler en toute liberté et sécurité en Guinée-Bissau, avec un accès sans entraves à l’information », a déclaré la FIJ dans un appel qu’elle lance au président Vieira.
La Guinée-Bissau s’est retrouvée sous les projecteurs de la scène internationale à cause du Rapport mondial 2007 de l’ONU sur la drogue, qui la désigne comme poste de relais de la cocaïne en transit entre l’Amérique latine et l’Europe. Les trafiquants de drogue profitent de la faiblesse de la surveillance en Guinée-Bissau, de l’instabilité gouvernementale et de la pauvreté pour faire fructifier leurs affaires. Selon IRIN, le service de nouvelles humanitaires de l’ONU, un grand nombre de soldats obtiennent de l’argent des trafiquants de drogue en échange de sécurité.
Consulter les sites suivants :
– MFWA : http://ifex.org/en/content/view/full/85362/
– Lettre de la FIJ au président Vieira : http://tinyurl.com/36kyam
– Amnistie : http://tinyurl.com/2vwh4o
-Rapport mondial 2007 de l’ONU sur la drogue : http://tinyurl.com/2jwffn
– IRIN, « Guinea-Bissau: Fears of an emerging narcostate » :
http://www.irinnews.org/reporttest.aspx?ReportId=69904
(Photo courtoisie de Comunidad Segura)
(11 septembre 2007)