Selon une décision du Bureau des Technologies de l'Information, les utilisateurs d'Internet en Turquie auraient le choix entre quatre options de filtrage.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la tentative du Bureau des Technologies de l’Information (BTK), qui dépend du Premier ministre, d’imposer aux internautes l’usage d’un filtre pour leur accès en ligne.
Selon une décision du 22 février 2011, les utilisateurs d’Internet en Turquie auraient le choix entre quatre options : famille, enfants, domestique et standard. A partir du 22 août, il sera obligatoire d’installer l’une de ces offres sur chaque ordinateur en sa possession. La liste des sites bloqués contenus dans chacun des filtres restera cependant confidentielle.
« Le BTK essaie de faire passer des vessies pour des lanternes en sous-entendant qu’avoir le choix entre une restriction plus faible et une restriction plus forte est un service rendu aux utilisateurs d’Internet. Cette mesure est en violation totale avec la Convention européenne des droits de l’homme, mais aussi avec le droit constitutionnel turc. Le libre accès à Internet doit au contraire être garanti à tous les internautes », a déclaré Reporters sans frontières.
Si la protection de l’enfance est un but tout à fait légitime, les parents doivent avoir le choix d’utiliser ou non un filtre sur leur ordinateur, et la possibilité de le désactiver lorsqu’ils le souhaitent. Cet outil ne doit en aucun cas être imposé aux utilisateurs d’Internet.
Une fois encore, les internautes turcs vont devoir subir une décision arbitraire de l’un des nombreux organes administratifs régulant le Net. Reporters sans frontières demande au BTK de prendre exemple sur la Haute instance de la télécommunication (TIB), qui a abandonné son projet de censure par mots-clés, et de renoncer à la mise en place de ce filtrage. L’organisation appelle également toutes les entités de contrôle des télécommunications à arrêter la surenchère dans cette course à la censure, qui ne fait que les discréditer aux yeux de la population.
Les avocats du site http://www.bianet.org , spécialisé sur les droits de l’homme en Turquie, ont saisi le Conseil d’Etat pour faire annuler cette disposition. L’accès au portail avait été bloqué en juin 2007 dans un certain nombre de cafés Internet, après qu’un logiciel de filtrage avait été mis en place sur la base d’une liste noire, établie par la direction de la Sécurité. Ce blocage avait finalement été levé suite aux démarches de Bianet auprès de la société conceptrice du logiciel, mais « nous ne voulons plus revivre le même problème du fait de nouvelles dispositions visant les initiatives indépendantes, alternatives ou libres », a déclaré le directeur de la publication du site, Erol Önderoglu.
La Turquie figure dans la liste des « pays sous surveillance » dans le dernier rapport de Reporters sans frontières sur les « Ennemis d’Internet », publié le 11 mars 2011. Plus de 7 000 sites sont bloqués à ce jour, principalement sur décision administrative.