Onze manifestants et militants des droits de la personne, détenus « injustement » à la suite de protestations survenues en décembre, ont reçu des peines variant entre un et sept ans de prison, rapporte le Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR). Le 12 juillet, au milieu de […]
Onze manifestants et militants des droits de la personne, détenus « injustement » à la suite de protestations survenues en décembre, ont reçu des peines variant entre un et sept ans de prison, rapporte le Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR).
Le 12 juillet, au milieu de mesures de sécurité très strictes, un tribunal pénal de Bahreïn a condamné onze des quinze militants qui subissaient un procès où ils devaient répondre à des accusations qui allaient de rassemblement illégal à l’emploi de la force contre des responsables de la sécurité. Hassan Abdulnabi, membre actif d’une organisation appelée le Comité des chômeurs, a reçu la peine la plus sévère, sept ans de réclusion, et a aussi été condamné à verser une amende de 9980 dinars de Bahreïn (26 500 $ US).
Les arrestations faisaient suite à des manifestations survenues le 17 décembre à Sanabis, près de la capitale, Manama, organisées pour rendre hommage aux victimes de la torture. La police anti-émeute et des éléments des forces spéciales de sécurité ont violemment dispersé les manifestants. Un manifestant pro-démocratie a été tué tandis qu’il était aux mains des autorités, à ce qu’il semble. Des protestations ont eu lieu après ses obsèques, qui ont encore une fois été suivies de violentes échauffourées avec les forces spéciales de sécurité.
Utilisant les manifestations comme prétexte, les forces spéciales de sécurité de Bahreïn détiennent jusqu’à 70 personnes en raison de leur rôle dans les protestations, dont des dirigeants de groupes populaires de défense des droits de la personne et de la société civile.
Le groupe des quinze est jusqu’à maintenant le plus important parmi les 70 détenus à subir un procès. Le BCHR fait remarquer que les cinq personnes qui ont reçu les peines les plus lourdes de cinq ans et plus sont des militants connus – des dirigeants du Comité des chômeurs, du Comité de lutte contre les prix élevés, et de la Société des jeunes de Bahreïn pour les droits de la personne (Bahrain Youth Society for Human Rights), par exemple – et étaient visés par le gouvernement à cause de leur travail.
Six autres personnes ont été condamnées à un an de prison chacune, tandis que quatre autres prévenus ont été jugés non coupables.
« Nous estimons que les accusations portées contre les militants, concernant des actions violentes qu’ils n’ont pas commises, constituent un prétexte pour les réduire au silence en représailles à leur travail sincère et non violent de défense des droits de la personne », ont déclaré 21 groupes membres de l’IFEX dans un appel aux autorités de Bahreïn en février.
Selon le BCHR, le tribunal n’a accordé aucune attention aux appels ni à l’équipe médicale qui avait examiné les détenus et qui avait conclu qu’ils présentaient des marques de torture.
Le BCHR demande la remise en liberté immédiate de tous les détenus, la création d’un comité indépendant chargé d’examiner les allégations de torture, ainsi que la révision complète des lois sur la sécurité publique qui ont été invoquées récemment pour s’attaquer aux dirigeants des groupes de défense des droits de la personne.
Les sentences sont imposées tandis que s’accroissent les tensions sectaires à Bahreïn. Afin de faire cesser le récent conflit, les autorités ont annoncé la mise sur pied d’un nouveau comité de surveillance chargé de suivre de près les prédicateurs, les médias et les sites web qui font la promotion du sectarisme.
Le BCHR accuse le nouveau comité de constituer une façade en vue de supprimer les libertés. Les autorités ont fermé trois sites web renommés de Bahreïn qui animent des forums politiques. Quelques-unes des personnes qui participent aux sites web ont été convoquées par la sécurité d’État et accusées de fomenter la haine.
Consulter les sites suivants :
– BCHR : http://www.bahrainrights.org/en
– Action conjointe : http://tinyurl.com/yve5lv
– « Le gouvernement ravive les tensions sectaires afin de justifier la répression de la presse », « Communiqué de l’IFEX » (9 juillet) : http://ifex.org/fr/content/view/full/95283/
– Page de l’IFEX sur Bahreïn : http://tinyurl.com/5jbuxh
– « Un tribunal condamne des manifestants à la prison », article du journal « The National », des Émirats arabes unis » : http://tinyurl.com/5wywnd
(23 juillet 2008)