La Fédération des journalistes népalais (Federation of Nepali Journalists, FNJ) et d’autres groupes membres de l’IFEX, ainsi que le bureau des Nations Unies pour les droits de la personne au Népal, condamnent le meurtre brutal d’une journaliste et militante des droits des femmes, ainsi que les menaces de mort formulées contre une autre journaliste spécialiste […]
La Fédération des journalistes népalais (Federation of Nepali Journalists, FNJ) et d’autres groupes membres de l’IFEX, ainsi que le bureau des Nations Unies pour les droits de la personne au Népal, condamnent le meurtre brutal d’une journaliste et militante des droits des femmes, ainsi que les menaces de mort formulées contre une autre journaliste spécialiste des questions des femmes, survenus dans la région de Terai, dans le sud du Népal.
Uma Singh, reporter à « Radio Today FM » et au quotidien « Janakpur Today », et membre des Défenseurs des droits fondamentaux des femmes (Women’s Human Rights Defenders) à Dhanusha, a été agressée le 11 janvier par un groupe d’une quinzaine d’individus non identifiés armés de « khukhuris » – le couteau traditionnel à lame courbée du Népal.
D’après Reporters sans frontières (RSF), les hommes ont surgi dans la chambre qu’elle avait louée à Janakpur, dans le district méridional de Dhanusha, et l’ont poignardée à de multiples reprises devant les autres locataires. Elle a succombé pendant son transport vers un hôpital de Katmandou.
La FNJ a dépêché une équipe à Janakpur afin d’enquêter sur cet assassinat. Le président de la FNJ et ancien professeur de Singh, Dharmendra Jha, s’est dit ébranlé.
Jusqu’à maintenant, la police n’a pas déterminé de mobile pour cet homicide. Certains des articles de Singh ont toutefois fait des vagues dans la région, en particulier ceux dans lesquels elle critiquait le système des castes et la l’institution de la dot. D’après l’Institut international de la presse (IIP), elle condamnait avec fermeté la violence qui sévit toujours dans la région de Terai, où des groupes armés se font la lutte pour l’établissement d’un État autonome de Madhesi et davantage de droits pour le peuple madhesi, principale ethnie de Terai.
Les membres de l’IFEX et le bureau népalais des Nations Unies pressent également les autorités de faire enquête après qu’un groupe non identifié eut brisé le même soir les fenêtres de la maison de Manika Jha à Janakpur. Manika Jha est correspondante de presse du quotidien « Kantipur ». Les inconnus ont dessiné une croix sur sa porte et lui ont dit qu’elle serait « la prochaine ». Elle est maintenant protégée par la police chez elle.
Selon les dépêches, les femmes journalistes de Dhanusha ont exigé en octobre 2008 une protection officielle, affirmant que des dizaines d’entre elles avaient été contraintes d’abandonner leur travail après avoir reçu des menaces de la part de groupes armés.
Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les agressions du 11 janvier sont survenues quelques semaines à peine après que le premier ministre Pushpa Kamal Dahal eut réaffirmé publiquement l’engagement du gouvernement à protéger la presse à la suite d’une escalade de la violence dans attaques contre les médias. Après que les assaillants eurent frappé les bureaux de la société d’édition Himalmedia en décembre, de nombreux journaux ont publié des pages blanches en guise de protestation.
D’après le CPJ, le site web local de nouvelles « Republica » rapporte que la police a arrêté quatre personnes en rapport avec le meurtre de Singh. Un groupe politique local avait revendiqué la responsabilité du meurtre, affirmant qu’il l’avait commis « par erreur ». Selon d’autres médias, le mobile reste inconnu.
Les obsèques ont eu lieu le 13 janvier à Janakpur en présence de nombreux journalistes, dit l’IIP. Le commerce et les transports publics à Janakpur ont été perturbés pendant deux jours pour protester contre l’assassinat. Les journalistes népalais ont aussi organisé une manifestation nationale pour presser le gouvernement de leur apporter de la protection.
« Travailler dans la région de Terai constitue un problème considérable », avait déclaré Singh l’an dernier à la Mission des Nations Unies au Népal lors d’une interview, toujours accessible sur YouTube. « La société n’accepte pas que (les femmes) aient des perspectives égales. Les gens disent que le travail que nous faisons n’est pas bon. » Elle avait aussi décrit les pressions exercées par des organisations locales et des groupes armés. « Si nous ne diffusons pas les nouvelles de leur choix, ils menacent de nous tuer », avait-elle déclaré. Mais, disait-elle, elle et ses collègues ne se pliaient pas à leurs ordres. « Nous devons aussi présenter des nouvelles équilibrées. »
Consulter les sites suivants :
– FNJ : http://www.fnjnepal.org/news_alert_detail.php?id=308
– CPJ : http://tinyurl.com/86fjny
– FIJ : http://tinyurl.com/9n94vs
– IIP : http://tinyurl.com/9dz69h
– RSF : http://ifex.org/en/content/view/full/99823/
– ONU : http://tinyurl.com/8urt73
– YouTube : http://tinyurl.com/8gw2vf
(Photo de Uma Singh, courtoisie de l’IIP)
(14 janvier 2009)