En Côte d’Ivoire, où les soldats des Nations Unies font respecter un fragile accord de paix, les journalistes sont pris au milieu de violents affrontements entre les partisans du gouvernement et l’opposition politique, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Au moins 10 journalistes ont été agressés le […]
En Côte d’Ivoire, où les soldats des Nations Unies font respecter un fragile accord de paix, les journalistes sont pris au milieu de violents affrontements entre les partisans du gouvernement et l’opposition politique, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Au moins 10 journalistes ont été agressés le 25 mars par les forces de sécurité, et beaucoup d’autres encore ont été arrêtés et harcelés pendant qu’ils couvraient les protestations de l’opposition dans le pays, dit le CPJ. Dans presque tous les cas d’agression, les journalistes ont déclaré avoir été visés tout particulièrement à cause de leur travail. Six des journalistes travaillaient pour les journaux de l’opposition « Le Patriote » et « Le Libéral Nouveau ».
Plusieurs médias ont été censurés pendant et après les manifestations, font remarquer le CPJ et RSF. La BBC, Radio France Internationale et Afrique No.1 ont été retirés des ondes le 25 mars quand leurs transmetteurs ont été déconnectés par des inconnus. La diffusion n’a été rétablie que le 30 mars. Les autorités n’ont fourni aucune explication de l’incident.
Dans sa revue de la situation de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire en 2003, le CPJ fait remarquer que l’éthique des médias constitue un problème dans le pays : la plupart des médias du pays sont partisans et provocateurs. Certains éditoriaux ont été décrits par les groupes de défenseurs des droits de la personne, les journalistes étrangers et les diplomates comme des « incitations à la violence ». En 2002, le radiodiffuseur d’État « Radio Télévision Ivoire » pressait les Ivoiriens de rapporter à la police les « voisins suspects », ce qui a entraîné des disparitions et des agressions contre des immigrants, dit le CPJ.
En novembre dernier, « Le Patriote » ? journal étroitement lié au leader d’opposition Alassane Ouattara, en exil ?, a paru avec en une la manchette qualifiant le président Laurent Gbagbo de « Hitler noir », après que le président eut ordonné l’interdiction, des manifestations pendant trois mois, rapporte le CPJ. Par ailleurs, les journaux proches de Gbagbo accusaient fréquemment les journalistes français et étrangers de favoriser les rebelles.
Tout en constatant la nécessité pour les médias locaux de couvrir la nouvelle de façon plus responsable, le CPJ dit qu’il est déconcertant que les forces de sécurité harcèlent et attaquent les journalistes en toute impunité, et que les gouvernements devraient prendre des mesures pour garantir que les journalistes couvrent les questions d’intérêt public en toute sécurité.
Le CPJ a lancé une campagne de lettres à Gbagbo pour le prier de garantir la sécurité des journalistes.
CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE
1) Écrire au Président Gbagbo en vous inspirant des conseils du CPJ :
http://www.cpj.org/protests/04ltrs/Ivory30mar04na_Fr.html
2) Rester informés. Consulter les sites suivants :
– Alertes de l’IFEX sur la Côte d’Ivoire : http://ifex.org/fr/content/view/full/512/
– Dossier du CPJ : http://www.cpj.org/attacks03/africa03/ivory.html
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=9435
– Human Rights Watch : http://hrw.org/french/docs/2004/03/26/cotedi8286.htm
– Dossier de la BBC sur les élections de 2005 : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/3482395.stm
(Image: © Human Rights Watch)