La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR) accepte d’entendre une cause judiciaire contre le gouvernement du Zimbabwe, à la suite d’un appel déposé par des groupes de défense de la liberté de la presse et des droits de la personne. Cet organisme de défense des droits de la personne, qui évalue […]
La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR) accepte d’entendre une cause judiciaire contre le gouvernement du Zimbabwe, à la suite d’un appel déposé par des groupes de défense de la liberté de la presse et des droits de la personne.
Cet organisme de défense des droits de la personne, qui évalue si les pays qui ont ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples sont à la hauteur de leurs engagements, entendra une demande formulée par trois organisations à sa prochaine session en Gambie, qui se déroulera du 27 avril au 11 mai 2005.
La section zimbabwéene de l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA), les avocats du Zimbabwe pour les droits de la personne et l’Association des journalistes indépendants du Zimbabwe soutiennent que la Loi du Zimbabwe sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée (AIPPA) viole la Charte, que le Zimbabwe a ratifiée.
Les plaignants font valoir que l’AIPPA viole le droit à la liberté d’expression que garantit la Charte en rendant obligatoire pour tous les journalistes et tous les médias de s’inscrire auprès d’une Commission des médias et de l’information créée par le gouvernement. Ils disent que l’inscription obligatoire entrave l’indépendance professionnelle et menace l’autonomie journalistique.
Depuis son entrée en vigueur en 2002, l’AIPPA a réussi à miner la liberté d’expression au Zimbabwe, dit le MISA. Le seul quotidien indépendant du Zimbabwe, le « Daily News », a été en effet interdit et les chances qu’il réapparaisse dans les rues dans un avenir prévisible semblent bien minces. Des dizaines de journalistes ont subi des mesures de harcèlement judiciaire, la plupart du temps sous la forme de brèves périodes de détention.
En novembre 2004, le parlement du Zimbabwe a promulgué des modifications à l’AIPPA qui allègent les peines de prison prévues et accroissent les amendes pour les journalistes pris à travailler sans accréditation gouvernementale. Aux termes de la loi telle qu’elle a été modifiée, les particuliers peuvent passer jusqu’à deux ans en prison.
La Loi restreint en outre les journalistes accrédités à travailler pour une seule entreprise médiatique, restriction que le MISA dit avoir été adoptée afin de décourager les journalistes pigistes de travailler pour des médias étrangers, davantage critiques du gouvernement que les médias locaux.
Consulter les sites suivants :
– ACHR : http://www.achpr.org/francais/_info/news_fr.html
– MISA : http://www.misa.org
– Analyse de l’AIPPA : http://www.article19.org/docimages/1862.doc
– Les journalistes du « Daily Telegraph » risquent un procès aux termes de l’AIPPA : http://www.cpj.org/news/2005/Zim04apr05na.html
– Parti pris des médias pendant les élections : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13094