Lettre ouverte co-signée par les tribunes de la presse du Canada, du Québec, de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve et de l'IPE, l'Association canadienne des journalistes et la FPJQ.
(FPJQ/IFEX) – Ce qui suit est un résumé d’une lettre ouverte co-signée par les tribunes de la presse du Canada, du Québec, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve et de l’IPE, l’Association canadienne des journalistes et la FPJQ:
2010.06.10
Les journalistes dénoncent la manipulation de l’opinion publique par le gouvernement Harper
Sous le règne du premier ministre Stephen Harper, l’information émanant d’Ottawa s’est tarie. Les ministres et les fonctionnaires sont muselés. Les demandes d’accès à l’information sont ralenties et parfois bloquées après intervention politique. La transparence a cédé le pas à une forme de propagande léchée dont l’objectif est de manipuler l’opinion publique. Résultat: les citoyens disposent d’informations limitées pour comprendre les agissements de leur gouvernement et lui demander de rendre des comptes. En tant que journalistes, nous craignons que cela n’ouvre la porte à du gaspillage, à l’utilisation à mauvais escient de fonds publics ou encore à des scandales dont les Canadiens ne prendront connaissance que lorsqu’il sera trop tard.
La qualité de l’information fournie au public se dégrade rapidement. Les fonctionnaires (scientifiques, médecins, responsables d’agence de réglementation, vérificateurs, analystes), ceux qui élaborent les politiques publiques et sont le mieux placés pour les expliquer à la population, n’ont plus le droit de parler aux médias. Les journalistes doivent se rabattre sur une flopée de relationnistes qui connaissent très peu ou pas du tout les dossiers discutés. Ceux-ci répondent par courriel à des questions pointues par de vagues « lignes » ayant dû être approuvées par plusieurs responsables politiques.
Il est grand temps que les choses changent. Ce n’est pas de la détérioration des conditions de travail des journalistes dont il est ici question, mais d’une lente et certaine érosion de la démocratie.
Recommandations aux journalistes et aux médias:
• Refusez de vous contenter de vagues réponses-courriels fournies par les relationnistes lorsque vous posez des questions substantielles nécessitant une explication d’un ministre ou d’un fonctionnaire en pleine maîtrise de son sujet.
• Ne publiez pas et ne diffusez pas les images fournies par le bureau du premier ministre, tout assoiffés de visuel soyez-vous.
• Si vous n’obtenez pas suffisamment d’informations d’Ottawa dans la préparation d’un reportage, précisez-le à l’intention des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs.
• Chaque fois qu’un ministre refuse de commenter, qu’un élément d’information n’est pas fourni ou qu’une demande d’accès à l’information est retardée de manière substantielle, dites-le aux Canadiens.
• Enfin, nous invitons les éditeurs à consacrer plus de temps et de ressources afin de permettre aux journalistes de creuser davantage les nouvelles et ainsi aller au-delà des conférences de presse mises en scène.