Le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, doit reprendre le leadership de l’ordre du jour politique mondial, lequel a été détourné par des États « grincheux » comme la Chine, l’Égypte et la Russie, et placer les droits de la personne au coeur de sa politique, déclare Human Rights Watch au moment de rendre public […]
Le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, doit reprendre le leadership de l’ordre du jour politique mondial, lequel a été détourné par des États « grincheux » comme la Chine, l’Égypte et la Russie, et placer les droits de la personne au coeur de sa politique, déclare Human Rights Watch au moment de rendre public son rapport mondial annuel. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a exprimé des sentiments similaires dans une lettre à Obama.
« L’administration Obama doit réparer les dommages immenses causés par l’administration Bush et commencer à restaurer la réputation du gouvernement des États-Unis et son efficacité comme défenseur des droits de la personne », peut-on lire dans le rapport.
Selon Human Rights Watch, le changement doit commencer à Washington par des mesures comme la fermeture du centre de détention militaire de Guantánamo, la fin des interrogations coercitives des personnes soupçonnées de terrorisme et la détention sans jugement, et l’adhésion des États-Unis au Conseil des Nations Unies sur les droits de la personne.
« Le changement de la politique des États-Unis concernant la façon de combattre le terrorisme constitue un élément essentiel par où commencer », dit le rapport. « Il n’est pas seulement erroné, mais inefficace de commettre des violations au nom de la lutte contre le terrorisme ou d’excuser les violations commises par des gouvernements répressifs simplement parce qu’on croit que ce sont des alliés dans la guerre à la terreur. »
Selon Human Rights Watch, les gouvernements « grincheux » qui s’opposent aux droits fondamentaux, comme l’Algérie, la Chine, l’Égypte, le Pakistan et la Russie, se sont engouffrés dans le vide créé par les politiques controversées des États-Unis. Souvent, ces gouvernements « déterminent l’ordre du jour en matière de droits de la personne dans les forums internationaux » et détournent l’attention internationale de leurs propres violations ou de celles de leurs alliés.
Les démocraties aussi sont ciblées, comme l’Afrique du Sud parce qu’elle néglige de confronter la crise qui sévit au Zimbabwe voisin, et comme l’Inde parce qu’elle ne s’attaque pas à la répression en Birmanie, par solidarité politique ou pour préserver des intérêts économiques.
La meilleure façon de défendre victorieusement les droits de la personne consiste à donner l’exemple, disent Human Rights Watch et le CPJ.
« Dans de nombreux pays, des journalistes qui risquent leur vie et leur liberté dans la défense des valeurs de la libre expression se tournent vers les États-Unis pour obtenir un appui », dit le CPJ à Obama dans une lettre en date du 12 janvier. « Pour réaffirmer une autorité morale, nous devons d’abord faire le ménage dans notre propre maison. »
Le CPJ se concentre sur la façon dont Obama peut montrer la voie dans le domaine particulier de la liberté de la presse. Le CPJ presse Obama de mettre fin à la pratique, par l’armée américaine, de la détention illimitée de journalistes, et de tenir une enquête complète sur le décès des journalistes tombés sous le feu des armes des forces armées américaines.
Selon le CPJ, la détention sans jugement de journalistes a amoindri la position des États-Unis dans le monde et « pourrait avoir contribué à l’accroissement général, à l’échelle mondiale, du nombre des journalistes incarcérés en encourageant les nombreux tyrans à la recherche d’un prétexte ou d’une justification pour jeter en prison les journalistes critiques ». Des alliés et amis proches des États-Unis, comme l’Azerbaïdjan, l’Égypte, l’Éthiopie, le Maroc et le Pakistan, figurent parmi les dix pays où la liberté de la presse s’est le plus détériorée, dit le CPJ.
Quatorze journalistes sont détenus sans jugement pendant des périodes prolongées en Irak, en Afghanistan et à Guantánamo. Ibrahim Jassam, photographe pigiste pour Reuters, détenu à Bagdad depuis le 2 septembre par l’armée américaine, est toujours derrière les barreaux. Cette pratique constitue une violation de l’engagement pris par l’armée américaine elle-même de réviser les dossiers des journalistes dans les 36 heures qui suivent leur arrestation, dit le CPJ.
Le CPJ espère également que l’administration Obama engagera l’armée à mener une enquête complète sur les homicides de journalistes commis par les forces armées des États-Unis. D’après le CPJ, au moins 16 journalistes sont morts et d’autres ont été blessés gravement par l’armée américaine en Irak depuis 2003. Dans chacun de ces cas, dit le CPJ, la poignée d’enquêtes qui ont été effectuées par les autorités militaires américaines ont disculpé les soldats impliqués
Lire la lettre à : http://tinyurl.com/9cqnyy
Le « World Report 2009 » (Rapport mondial 2009) de Human Rights Watch documente les violations constantes des droits de la personne commises par les États et des groupes armés non étatiques dans 90 pays, notamment les attaques contre des civils lors de conflits, la répression politique et les violations par des gouvernements qui tentent de mettre un frein au terrorisme, entre autres. Lire le dossier de 564 pages à : http://tinyurl.com/dbd4js
Des rapports sur des pays précis seront téléchargés sur le site web de l’IFEX.
(21 janvier 2009)