Les musiciens sont les dernières cibles des efforts du Cameroun pour réduire au silence les critiques des modifications apportées récemment à la constitution, qui éliminent la limite du nombre de mandats présidentiels, indiquent la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA) et le Réseau des Organisations africaines de […]
Les musiciens sont les dernières cibles des efforts du Cameroun pour réduire au silence les critiques des modifications apportées récemment à la constitution, qui éliminent la limite du nombre de mandats présidentiels, indiquent la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA) et le Réseau des Organisations africaines de défense de la liberté d’expression (Network of African Freedom of Expression Organizations, NAFEO). Ailleurs en Afrique, la police éthiopienne détient un rédacteur et a saisi un magazine à cause d’un reportage publié en première page sur une star de la musique pop, selon ce que rapportent l’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (EFJA) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Un éminent chanteur engagé camerounais, Lapiro de Mbanga, également membre connu du Front social démocratique, un parti d’opposition, a été arrêté le 9 avril et inculpé d’avoir organisé les émeutes de février contre le coût élevé de la vie. D’après les sources de la MFWA, l’arrestation de Mbanga est reliée à une chanson qu’il a écrite, intitulée « Constitution constipée », qui met en garde le président Paul Biya contre les dangers des modifications constitutionnelles.
Joe La Conscience, qui a aussi écrit une chanson condamnant les amendements à la constitution, a été arrêté en mars et condamné à six mois de prison, pour avoir arrangé, à ce qu’il paraît, un sit-in « illégal » devant l’ambassade des États-Unis à Yaoundé. La Conscience aurait protesté contre la fermeture des importants radiodiffuseurs « Équinoxe TV » et « Radio Équinoxe », réduits au silence en raison de leur couverture de la crise actuelle. Le lendemain de sa manifestation non violente, les forces de sécurité ont fait irruption chez lui à Loum et ont tué son fils de 11 ans, indiquent les reportages.
Le projet de loi sur la modification de la Constitution, adopté le 10 avril par l’Assemblée nationale du Cameroun, permet un nombre illimité de mandats présidentiels, ce qui, selon les critiques, habilite le président Paul Biya à continuer d’exercer le pouvoir sa vie durant. Les amendements accordent en outre au président l’immunité pour tout geste qu’il aurait commis pendant son séjour au pouvoir.
Une organisation de défense de la libre expression pour musiciens et compositeurs, Freemuse, fait campagne pour appuyer les deux chanteurs arrêtés. Participez-y à : http://www.freemuse.org/sw26753.asp
Par ailleurs, un magazine portant, en page couverture, un article-vedette sur l’emprisonnement du chanteur pop éthiopien Teddy Afro, a été saisi le 2 mai. Le rédacteur en chef et les trois employés de soutien eux-mêmes ont été incarcérés, le tout coïncidant avec la Journée mondiale de la liberté de la presse, rapporte l’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (EFJA).
Dix mille exemplaires du magazine mensuel de divertissement « Enku » ont été saisis par la police le 2 mai, la veille de sa parution. L’éditeur et rédacteur en chef adjoint du magazine, Alemayehu Mahtemework, a été incarcéré, tout comme trois autres employés de soutien.
Selon le CPJ, la police aurait saisi la publication après avoir reçu un indice d’un informateur à l’imprimerie, selon lequel l’article-vedette aurait pu constituer de la « provocation ».
Le reportage se concentrait sur le procès de la star du reggae Teddy Afro, dont le nom véritable est Tewodros Kassahun. Kassahun a été arrêté le mois dernier et accusé d’avoir causé le décès d’un jeune homme dans un délit de fuite survenu en novembre 2006.
La chanson populaire de Kassahun, « Jah Yasteseryal », est devenue un hymne populaire des opposants au gouvernement lors des troubles qui ont suivi les élections parlementaires de 2005, chaudement disputées, indiquent des sources locales.
En dépit de la remise en liberté de quinze journalistes éthiopiens qui avaient été emprisonnés l’an dernier sur la foi d’accusations bidon d’hostilité à l’État à la suite de la brutale répression des médias en 2005, les autorités éthiopiennes ne se sont pas laissées dévier de leur pratique, établie de longue date, de répression des médias indépendants par l’intimidation et les arrestations, dit le CPJ.
Consulter les sites suivants :
– MFWA/NAFEO : http://ifex.org/fr/content/view/full/92942/
– « Communiqué » de l’IFEX sur les fermetures d’« Équinoxe » (4 mars 2008) :
http://ifex.org/fr/content/view/full/91512/
– EFJA : http://ifex.org/en/content/view/full/93309/
– CPJ : http://tinyurl.com/6jtgjn
(6 mai 2008)