Au moment où la Commission des droits de l’homme des Nations Unies entame la troisième semaine de sa session annuelle à Genève, Human Rights Watch, Freedom House et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) tirent la sonnette d’alarme au sujet de la Tchétchénie, où la généralisation des violations a créé la pire crise […]
Au moment où la Commission des droits de l’homme des Nations Unies entame la troisième semaine de sa session annuelle à Genève, Human Rights Watch, Freedom House et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) tirent la sonnette d’alarme au sujet de la Tchétchénie, où la généralisation des violations a créé la pire crise européenne des droits de la personne.
Human Rights Watch presse la Commission d’adopter une résolution très ferme qui condamne les violations des droits de la personne et du droit humanitaire international, commises par les deux parties qui s’opposent dans le conflit tchétchène.
Dans un nouveau rapport, le groupe membre de l’IFEX souligne que les disparitions forcées en Tchétchénie sont tellement répandues et systématiques qu’elles constituent des crimes contre l’humanité. Aux termes du droit international, tout État peut poursuivre les auteurs de ces crimes, y compris les fonctionnaires et responsables gouvernementaux et les chefs d’État.
Selon Human Rights Watch, la Commission doit presser le gouvernement russe pour qu’il adopte immédiatement des mesures afin de faire cesser les disparitions forcées, et pour qu’il invite les experts des Nations Unies à procéder à des enquêtes en Tchétchénie.
Contrairement aux années précédentes, l’Union européenne a refusé cette année de déposer devant la Commission une résolution pour condamner la Russie et ses violations des droits de la personne en Tchétchénie.
Human Rights Watch indique que jusqu’à 5 000 personnes ont « disparu » en Tchétchénie depuis 1999, et que les autorités russes sont parfaitement au courant. Toutes ces personnes sont des civils ou des gens non armés lorsqu’elles sont mises en état d’arrestation. Les autorités russes nient toute responsabilité quant à leur sort ou à leurs allées et venues.
Pour Freedom House, le gouvernement russe néglige de mettre fin aux violations massives des droits de la personne commises contre la population civile. « Les forces tchétchènes pro-russes et les forces armées russes continuent de commettre de graves transgressions du droit international concernant les droits de la personne et le droit humanitaire – y compris les disparitions forcées, la torture et les exécutions sommaires – dans une impunité presque totale et dans un climat d’anarchie et de chaos », dit le groupe.
Par ailleurs, le CPJ souligne que Moscou intensifie ses efforts pour empêcher les médias d’Europe de publier ou de radiodiffuser des nouvelles indépendantes sur le conflit en Tchétchénie.
Le 23 mars 2005, l’ambassade de Russie en Suède a vivement critiqué l’agence de nouvelles suédoise TT parce qu’elle a publié une entrevue du chef rebelle tchétchène Shamil Basayev, affirmant qu’il existe « un lien très clair » entre le fait d’accorder une entrevue avec un « terroriste international comme Basayev » et l’acte terroriste lui même. L’ambassade a prétendu que l’entrevue de TT était en partie responsable d’un attentat commis le 24 mars contre la voiture d’un diplomate russe. Certains hauts responsables russes ont également exercé des pressions auprès des autorités suédoises pour faire fermer le serveur de KavkazCenter.com, un site web tchétchène favorable aux rebelles hébergé en Suède.
Le 3 février, le ministère russe des Affaires étrangères a demandé aux autorités britanniques d’empêcher la station de télévision indépendante « Channel Four » de télédiffuser une entrevue de Basayev. La demande a été rejetée.
Selon l’étude sur la liberté de la presse, réalisée en 2004 par le CPJ, les journalistes qui tentent de couvrir le conflit en Tchétchénie courent des risques sérieux, en dépit d’une campagne de relations publiques menée par Moscou, qui prétend que la vie en Tchétchénie revient à la normale.
Consulter les sites suivants :
– Dossier de Human Rights Watch « Worse Than a War » [Pire que la guerre] : http://hrw.org/backgrounder/eca/chechnya0305/
– Human Rights Watch demande avec instance une résolution des Nations Unies : http://hrw.org/english/docs/2005/03/10/russia10298.htm
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/media/pressrel/021805.htm
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Russia25mar05na.html
– Lettre de protestation du CPJ : http://www.cpj.org/protests/05ltrs/Russia04mar05pl.html
– Center for Journalism in Extreme Situations [Centre pour le journalisme en situations extrêmes] : http://www.cjes.ru/index-e.php