Selon la journaliste chinoise Gao Yu, emprisonnée deux fois pour ses reportages, les conditions dans lesquelles opèrent les médias à l’approche des Jeux Olympiques sont « considérablement plus catastrophiques » qu’elles ne l’étaient lorsqu’elle a été arrêtée il y a quinze ans. « La liberté de la presse et les droits de la personne constituent […]
Selon la journaliste chinoise Gao Yu, emprisonnée deux fois pour ses reportages, les conditions dans lesquelles opèrent les médias à l’approche des Jeux Olympiques sont « considérablement plus catastrophiques » qu’elles ne l’étaient lorsqu’elle a été arrêtée il y a quinze ans.
« La liberté de la presse et les droits de la personne constituent le problème le plus grave auquel la Chine est confrontée », a déclaré Gao, arrêtée en 1993 et condamnée à six ans de prison pour avoir expédié deux articles sur les affaires courantes à un journal de Hong Kong. Elle a été reconnue coupable de « divulgation de secrets d’État », un chef d’accusation de prédilection des autorités chinoises qui veulent faire taire la dissidence.
Gao, qui prenait la parole à une conférence intitulée « Olympiques de 2008 à Pékin : Gagner la liberté de la presse », organisée par une coalition formée des principaux groupes de défense de la liberté de la presse, a déclaré qu’elle aussi est une victime des Olympiques. Sa (deuxième) arrestation est survenue quelques semaines après que la Chine eut échoué dans sa tentative pour accueillir les Jeux de 2000.
Lorsque la Chine a obtenu le mandat d’organiser les Olympiques de 2008, elle a déclaré que les médias auraient « entière liberté de pratiquer le journalisme lorsqu’ils viendraient en Chine ». Pourtant, déjà, les journalistes étrangers qui travaillent en Chine sont régulièrement harcelés et même expulsés, comme ce fut le cas récemment au Tibet.
Les conditions sont encore pires pour les journalistes chinois : des 31 journalistes qui ont été incarcérés depuis la tentative réussie de la Chine pour tenir les Olympiques en 2001, 16 sont toujours en prison – et représentent la moitié de tous les journalistes chinois actuellement en prison. La conférence, qui se déroulait à Paris, compte parmi ses organisateurs des membres de l’IFEX comme l’Association mondiale des journaux (AMJ), le Comité mondial pour la liberté de la presse, le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières, demande leur remise en liberté.
Selon Gao, première lauréate en 1997 du Prix mondial de la Liberté de la presse décerné par l’UNESCO, « tous les Chinois qui ont subi l’oppression espèrent pouvoir profiter de l’occasion pour demander justice; la communauté internationale espère que le gouvernement chinois améliorera la situation de la presse et des droits de la personne, conformément à sa promesse de 2001 ».
« Mais les autorités chinoises voient dans ces pressions internes et externes une ‘politisation’ des Jeux Olympiques. Malheureusement, contrer ces critiques en étouffant la liberté de la presse ne fait que mettre en relief cette contradiction. »
La conférence de Paris des 18 et 19 avril était organisée afin d’alerter les journalistes, en particulier les reporters sportifs, aux conditions de la liberté de la presse auxquelles ils devraient s’attendre en Chine pendant les Olympiques. On prévoit la présence aux Jeux de plus de 30 000 journalistes étrangers – trois journalistes pour chaque athlète.
Le programme complet se trouve à : http://www.beijing2008conference.com/home.php?lang=fr
Dans le cadre de sa campagne pour la Chine, l’AMJ a produit une trousse de caricatures, publicités, articles, photos et diagrammes à publier le 3 mai dans des milliers de journaux à travers le monde, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le matériel gratuit est disponible à : http://www.worldpressfreedomday.org
(22 avril 2008)