Trois reporters britanniques du « Daily Telegraph » ont été expulsés du Pakistan après la publication, la semaine dernière, d’un éditorial « offensant », ce qui ajoute à la crise politique qui secoue le pays. Dans une action conjointe dirigée par la Fondation de la presse du Pakistan (Pakistan Press Foundation, PPF), vingt-sept groupes membres […]
Trois reporters britanniques du « Daily Telegraph » ont été expulsés du Pakistan après la publication, la semaine dernière, d’un éditorial « offensant », ce qui ajoute à la crise politique qui secoue le pays. Dans une action conjointe dirigée par la Fondation de la presse du Pakistan (Pakistan Press Foundation, PPF), vingt-sept groupes membres de l’IFEX appellent à la fin de l’état d’urgence et donc à la fin des restrictions imposées aux journalistes et à leur harcèlement.
Le 10 novembre, Isambard Wilkinson, Colin Freeman et Damien McElroy se sont vu intimer l’ordre de quitter le pays dans les 72 heures pour avoir utilisé des propos injurieux et offensants contre le Pakistan et la direction du pays dans un éditorial du « Daily Telegraph » publié le 9 novembre, selon ce que rapportent la PPF et la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Les trois journalistes sont les premiers reporters étrangers à être expulsés depuis la proclamation de l’état d’urgence par le président Pervez Moucharraf une semaine plus tôt pour répondre à la « menace islamiste grandissante ».
Les membres de l’IFEX se sont joints aux journalistes du Pakistan pour condamner l’emprise de Moucharraf sur les médias. Celui-ci a en effet retiré des ondes la plupart les chaînes nationales et internationales de nouvelles, dont CNN et la BBC, instauré la censure officielle et investi et fermé des médias indépendants.
Les journalistes de tout le Pakistan continuent à tenir des manifestations quotidiennes après que le gouvernement eut refusé de retirer deux ordonnances interdisant aux médias de radiodiffuser ou de publier des nouvelles critiques. Les contrevenants risquent trois ans de prison.
D’après la FIJ, les journalistes ont proclamé le 9 novembre « journée noire » pendant laquelle ils ont porté un brassard noir, hissé des drapeaux noirs et continué à boycotter les manifestations officielles du gouvernement.
La FIJ et son groupe affilié, le Syndicat fédéral des journalistes du Pakistan (Pakistan Federal Union of Journalists, PFUJ), appellent à une journée mondiale d’action le 15 novembre. La FIJ encourage les défenseurs de la libre expression à exercer des pressions sur le Pakistan ainsi que sur leurs gouvernements respectifs pour que le gouvernement pakistanais rescinde le décret d’urgence et respecte les engagements antérieurs de Moucharraf concernant la libre expression dans le pays.
Un grand nombre de propriétaires de médias ont également condamné le gouvernement pour avoir permis à de petits radiodiffuseurs de reprendre leurs émissions locales en échange d’une entente par laquelle ils acceptaient de se conformer aux ordonnances. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), le gouvernement dit maintenant aux radiodiffuseurs de ratifier un« code de conduite » de 14 pages pour être autorisés à revenir en ondes. Jusqu’à maintenant, environ 15 radiodiffuseurs ont accepté de signer le document et sont revenus en ondes.
Mais les quatre principaux radiodiffuseurs indépendants de nouvelles du Pakistan ne sont pas encore revenus sur le câble, ayant plutôt choisi de joindre leurs téléspectateurs par l’Internet ou par satellite. La police a réagi en arrêtant la vente d’antennes paraboliques dans deux villes au moins et en menaçant les vendeurs de lourdes pénalités, disent la FIJ et les dépêches de sources locales.
Selon l’Association mondiale des journaux (AMJ), au moins six journalistes ont été incarcérés sous l’état d’urgence, dont Imtiaz Alam, membre du conseil d’administration du Forum mondial des éditeurs. Des dizaines d’autres auraient été agressés et empêchés de travailler.
Par ailleurs, la dirigeante d’opposition Benazir Bhutto a été assignée à résidence pour la deuxième fois en quatre jours pour l’empêcher de prendre aujourd’hui (13 novembre) la tête d’une marche de protestation contre l’état d’urgence. Sa détention réduit d’autant les perspectives d’alliance avec Moucharraf, à qui le Commonwealth a accordé hier un délai de 10 jours pour mettre fin à la répression, sans quoi le Pakistan serait suspendu de l’organisation.
Consulter les sites suivants :
– Action conjointe de l’IFEX : http://tinyurl.com/ypgz6n
– Alertes sur le Pakistan : http://tinyurl.com/23z96j
– Nouvelles de la PPF : http://tinyurl.com/22g3gz
– Mises à jour de la FIJ sur la crise au Pakistan : http://www.ifj.org
– CPJ : http://tinyurl.com/2ymlte
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/2yloqf
– AMJ : http://www.wan-press.org/article15496.html
– Article du « Telegraph » : http://tinyurl.com/2ze9qk
– Article du « Communiqué de l’IFEX » de la semaine dernière sur le Pakistan : http://tinyurl.com/yut4px
– Rural Media Network Pakistan : http://online-rmnp.tripod.com/
(13 novembre 2007)