En Thaïlande, les journalistes indépendants et les défenseurs de la liberté de la presse se heurtent à un gouvernement « à la Berlusconi », qui entremêle politique et propriété des médias au plus haut niveau, disent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) et la Fédération internationale des journalistes […]
En Thaïlande, les journalistes indépendants et les défenseurs de la liberté de la presse se heurtent à un gouvernement « à la Berlusconi », qui entremêle politique et propriété des médias au plus haut niveau, disent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
La SEAPA et la FIJ ont tiré la sonnette d’alarme à propos d’une poursuite en diffamation intentée par le conglomérat thaïlandais des télécommunications Shin Corporation, contre la championne de la réforme des médias Supinya Klangnarong et le quotidien « Thai Post ».
Shin Corp., dont le plus important actionnaire est la famille du premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, possède la station de télévision iTV et AIS, le fournisseur d’accès à l’Internet le plus important du pays, et la première entreprise de téléphone cellulaire. Le 22 juin dernier, un tribunal thaïlandais a accepté de recevoir la poursuite.
La société Shin Corp. allègue que Supinya, qui dirige la Campagne pour une Réforme populaire des médias, et trois rédacteurs du « Thai Post », ont conspiré dans le but de publier une déclaration diffamatoire contre la société, rapporte la SEAPA.
L’accusation fait suite à un reportage paru dans le « Thai Post » du 16 juillet 2003, dans lequel Supinya disait qu’une recherche qu’elle avait effectuée indiquait que la Shin Corp. était grande bénéficiaire des politiques de Thaksin. Elle a ajouté que depuis que Thaksin est devenu premier ministre en février 2001, les profits de l’entreprise ont augmenté de presque 40 milliards de bahts (980 millions de dollars US).
D’après la SEAPA, la décision du tribunal de recevoir la poursuite en diffamation pourrait créer un précédent troublant, qui verrait le gouvernement recourir plus fréquemment à l’avenir aux poursuites en diffamation pour faire taire les critiques. La FIJ a écrit à la Shin Corp. et au gouvernement thaïlandais pour demander l’abandon de la poursuite.
Pour l’organisation, la situation en Thaïlande ressemble à ce qui se passe en Italie, où le premier ministre Silvio Berlusconi essuie de vives critiques parce qu’il utilise son vaste empire médiatique pour réduire au silence les journalistes qui se montrent critiques des politiques de son gouvernement.
Consulter les sites suivants :
– SEAPA : http://www.seapabkk.org/
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=2576&Language=EN
– Inter Press Service : http://www.ipsnews.net/africa/interna.asp?idnews=24328