Une cour d’appel de Bakou a confirmé le 6 juillet 2007 les peines de prison imposées à deux journalistes pour un article critique à l’égard de l’islam, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Les autorités de l’Azerbaïdjan ont en outre inculpé d’incitation à la haine un journaliste […]
Une cour d’appel de Bakou a confirmé le 6 juillet 2007 les peines de prison imposées à deux journalistes pour un article critique à l’égard de l’islam, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Les autorités de l’Azerbaïdjan ont en outre inculpé d’incitation à la haine un journaliste indépendant qui purge déjà une peine de 30 mois de prison pour diffamation. Par ailleurs, le président du pays a déclaré à la police qu’elle ne serait pas sanctionnée pour les passages à tabac infligés aux journalistes.
Samir Sadagatoglu, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Senet », a été condamné à quatre ans de prison et le rédacteur Rafiq Tagi à trois ans en vertu d’une disposition du code criminel qui interdit l’« incitation à la haine raciale, nationale et religieuse ». L’article incriminant, publié en novembre 2006, arguait que les progrès réalisés en Azerbaïdjan étaient attribuables à l’influence des valeurs humanistes et universelles de l’Europe, et non aux valeurs asiatiques. Il indiquait que l’islam était une expression du despotisme asiatique et que quelques-unes des positions adoptées par le prophète Mahomet étaient agressives, contrairement à celles de Jésus. Dans l’Iran voisin, l’ayatollah Mohammed Fazel Lankarani a lancé une fatwa de mort, rapporte la BBC.
Commentaire de RSF : « Cette condamnation disproportionnée rappelle que la liberté d’expression est menacée en Azerbaïdjan. » L’Azerbaïdjan, qui compte sept journalistes derrière les barreaux, est le premier geôlier de journalistes en Europe et en Asie centrale, et compte parmi les dix pays du monde où la liberté de la presse régresse le plus, selon le CPJ.
RSF condamne en outre les nouvelles accusations de terrorisme et d’incitation à la haine raciale et religieuse portées le 4 juillet contre le journaliste indépendant Eynulla Fatullayev, rédacteur en chef des journaux « Realny Azerbaïdjan » et « Gundelik Azerbaïdjan ». Un tribunal d’appel a confirmé, le 6 juin, la condamnation précédente à 30 mois de prison de Fatullayev, pour avoir « diffamé » et « insulté » les Azerbaïdjanais.
D’autres mauvaises nouvelles. Le 2 juillet, le président Ilham Aliyev a déclaré devant de nouveaux diplômés de l’école de police qu’il « levait les sanctions » contre les policiers responsables de violence contre les journalistes qui ont couvert les élections législatives de novembre 2005. Lors de deux incidents distincts, des policiers ont tabassé en tout 26 journalistes. « Le Président, par cette déclaration, se prononce en faveur d’une impunité totale », déclare RSF.
Le 10 juillet, l’Institut pour la liberté et la sûreté des reporters (Institute for Reporter Freedom and Safety, IRFS), basé en Azerbaïdjan, rapportait que le journaliste incarcéré Sakit Zahidov (Mirza Sakit) faisait la grève de la faim pour protester contre les conditions de détention et l’insuffisance des soins médicaux. Zahidov purge depuis juin 2006 une peine de trois ans de prison pour possession de drogue, une fausse accusation, selon l’IRFS.
Consulter les sites suivants :
– RSF, à propos de l’accusation d’insulte : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=20389
– Accusations de terrorisme : http://tinyurl.com/3cjwg8
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2007/europe/azer09july07na.html
(10 juillet 2007)