En dépit du retour à la démocratie depuis neuf ans, le gouvernement chilien continue de violer ouvertement la liberté dâexpression. Câest ce quâécrit la journaliste chilienne Alejandra Matus dans le dernier numéro de âIndex on Censorshipâ intitulé âAfter the Fallâ [Après la chute] (vol. 5, 1999). Le 14 avril dernier, le juge Rafael Huerta de […]
En dépit du retour à la démocratie depuis neuf ans, le gouvernement chilien continue de violer ouvertement la liberté dâexpression. Câest ce quâécrit la journaliste chilienne Alejandra Matus dans le dernier numéro de âIndex on Censorshipâ intitulé âAfter the Fallâ [Après la chute] (vol. 5, 1999). Le 14 avril dernier, le juge Rafael Huerta de la Haute cour de Santiago a interdit lâouvrage de Matus âLe Livre noir de la justice chilienneâ qui offre une description de âla conduite de la Haute cour depuis sa création jusquâà maintenantâ. La police a immédiatement saisi tous les exemplaires du âLivre noirâ et Mme Matus a été forcée de sâenfuir aux Ãtats-Unis.
Mme Matus consacre la majeure partie de son livre à la période Pinochet, soulignant que âlâabsence dâindépendance du pouvoir judiciaire sous la dictature de Pinochet a dépouillé des milliers de personnes de toute protection juridique ce qui, en dernière analyse, leur a coûté la vieâ. Lâouvrage traite aussi des lacunes du système judiciaire avant et après le régime de Pinochet, notamment la âcorruption, le népotisme et les abus de pouvoir commis par les membres de la Haute courâ. Selon Mme Matus, le juge Servado Jordan, qui a ordonné la saisie de tous les exemplaires de son livre, était impliqué directement dans quatre des dix-sept cas dans lesquels des journalistes ont été soumis à la Loi de 1990 sur la sécurité intérieure. Aux termes de cette loi, âtoute publication ou radiodiffusion qui âoffenseâ le président, ses ministres, les généraux et les juges peut être considérée comme un crime contre la sécurité nationale, dont lâauteur est passible dâune peine dâemprisonnement pouvant aller jusquâà cinq ansâ.
Mme Matus a lancé un appel à la Commission interaméricaine des droits de lâhomme qui a âdonné au gouvernement dix jours pour prendre les mesures appropriées afin dâassurer sa sécurité physique [de Mme Matus] et son droit à la liberté dâexpressionâ. Le gouvernement chilien nâa pas encore répondu à cet ordre car le âLivre noirâ est toujours interdit. Mme Matus, contre qui pèse toujours un mandat dâarrestation, ne peut rentrer dans son pays.