L’Association des journalistes thaïlandais (Thai Journalists Association, TJA) et d’autres groupes locaux de défense de la liberté de la presse mettent le gouvernement thaïlandais en garde contre le recours à l’état d’urgence actuellement en vigueur pour justifier les limites imposées aux journalistes. Le premier ministre Samak Sundaravej a proclamé l’état d’urgence le 2 septembre à […]
L’Association des journalistes thaïlandais (Thai Journalists Association, TJA) et d’autres groupes locaux de défense de la liberté de la presse mettent le gouvernement thaïlandais en garde contre le recours à l’état d’urgence actuellement en vigueur pour justifier les limites imposées aux journalistes.
Le premier ministre Samak Sundaravej a proclamé l’état d’urgence le 2 septembre à Bangkok, après que des affrontements entre le gouvernement et des groupes d’opposition eurent fait au moins un mort et plus de 40 blessés.
Le commandant de l’armée Anupong Paochinda dispose maintenant de pouvoirs spéciaux qui lui permettent d’imposer des restrictions aux reportages des médias susceptibles de « saper la sécurité publique ».
Dans une déclaration conjointe, l’Association des journalistes thaïlandais (TJA), le Conseil de Presse de Thaïlande, la Confédération des journalistes de Thaïlande, l’Association des journalistes de la radiodiffusion thaïlandaise (Thai Broadcast Journalists Association) et l’Association de la télévision par câble de Thaïlande, ont affirmé que le recours à cette disposition « violerait clairement la liberté des médias de rapporter la nouvelle » comme le reconnaît la Constitution.
La mesure « semble viser d’un seul coup à restreindre les droits et les libertés du peuple thaïlandais », disent les groupes.
Le Général Anupong a déclaré qu’il étudiait la possibilité de prendre des mesures contre deux stations de télévision, soit la National Broadcasting Television (NBT), dirigée par l’État, et le réseau privé ASTV, à cause de leur « journalisme unilatéral » qui, a-t-il dit, pouvait éventuellement aggraver la crise. Les administrateurs d’ASTV ont des liens avec le mouvement hostile au gouvernement dirigé par l’Alliance populaire pour la démocratie (People’s Alliance for Democracy, PAD).
Par ailleurs, dans le sillage de la proclamation de l’état d’urgence par Samak, le ministère thaïlandais de l’Information et de la Technologie des communications tente d’obtenir des tribunaux des ordonnances pour faire fermer environ 400 sites web – dont la majorité portaient du matériel irrespectueux à l’égard de la famille royale de Thaïlande, rapporte l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA). Le ministère a aussi avisé les fournisseurs de services Internet de bloquer 1 200 sites considérés comme représentant un danger pour la sécurité nationale ou une source de trouble pour l’ordre social.
Dans un geste qui entraînera la Thaïlande encore plus profondément dans l’agitation et l’incertitude, un tribunal thaïlandais a ordonné le 9 septembre à Samak de démissionner après avoir conclu qu’il violait la Constitution en étant rémunéré pour animer une émission d’art culinaire pendant qu’il est en fonction. Samak n’a pas le choix : il doit démissionner immédiatement, bien que son parti ait déclaré qu’il le reconduira dans ses fonctions.
La crise a commencé le 26 août, lorsque des milliers de partisans du PAD sont descendus dans la rue à Bangkok et se sont dirigés vers les immeubles gouvernementaux, dont la NBT, pour exiger la démission de Samak. Selon le PAD, le gouvernement est la couverture de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, à la chute duquel le PAD a activement participé lors des troubles qui ont débouché sur le coup d’État de 2006.
En retour, Samak a menacé les médias d’informations qui ne l’ont pas appuyé, et exigé des journalistes qu’ils abandonnent leur neutralité et condamnent les « agitateurs ».
Les associations thaïes de médias ont pris position : « Les organisations de médias ont toutes le devoir de rapporter les faits sur la situation et doivent, par conséquent, s’en tenir avec rigueur à l’éthique professionnelle en rapportant la nouvelle de manière exhaustive, sans influence d’aucune partie. C’est alors seulement que les citoyens pourront juger correctement de la situation politique actuelle. »
Consulter les sites suivants :
– Déclaration des groupes de médias thaïs : http://tinyurl.com/5jq5es
– SEAPA : http://www.seapabkk.org/
– Reporters sans frontières : http://tinyurl.com/56mvq7
– Page de l’IFEX sur la Thaïlande : http://tinyurl.com/4t27f8
(10 septembre 2008)