Les groupes régionaux et internationaux de défense de la liberté de la presse exigent que le gouvernement géorgien restaure immédiatement toutes les émissions d’informations radiodiffusées et qu’il lève l’état d’urgence imposé après que la police eut violemment mis fin la semaine dernière à des protestations anti-gouvernementales qui se déroulaient dans la capitale. Selon le Centre […]
Les groupes régionaux et internationaux de défense de la liberté de la presse exigent que le gouvernement géorgien restaure immédiatement toutes les émissions d’informations radiodiffusées et qu’il lève l’état d’urgence imposé après que la police eut violemment mis fin la semaine dernière à des protestations anti-gouvernementales qui se déroulaient dans la capitale.
Selon le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Human Rights Watch, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF), la police antiémeute de la capitale, Tbilisi, a fait usage de matraques, de balles de caoutchouc, de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants qui s’étaient rassemblés le 7 novembre, sixième jour de suite, pour demander la démission du président Michail Saakachvili, au milieu d’accusations d’autoritarisme et de corruption.
Le gouvernement a aussi forcé deux stations de nouvelles privées à quitter les ondes avant de déclarer l’état d’urgence, affirmant qu’il y avait eu tentative de coup d’État organisée par la Russie.
« Même en temps de crise, les Géorgiens ont le droit de protester de manière pacifique sans être passés à tabac par la police », dit Human Rights Watch. « Le gouvernement n’a pas carte blanche pour restreindre les libertés fondamentales rien que parce qu’il traverse une crise. »
Annonce surprise du président Saakachvili le lendemain des affrontements. Celui-ci déclare qu’il fixe au 5 janvier 2008 la date des prochaines élections présidentielles, près d’un an avant l’échéance prévue. Cette annonce, qui a fait suite à de fortes critiques de l’Occident à cause du recours à la force contre les manifestants et de la déclaration de l’état d’urgence, a semblé désamorcer la crise qui dure depuis une semaine, dit Human Rights Watch.
Le président a aussi déclaré que l’état d’urgence serait levé « dans quelques jours ».
Dans la répression et les affrontements, la police semble avoir ciblé les journalistes et les observateurs indépendants, indiquent Human Rights Watch et ARTICLE 19. Plus de 500 personnes ont reçu des soins médicaux, dont l’ombudsman des droits de la personne de Géorgie, Sozar Subari, qui croit avoir été agressé parce qu’il critiquait régulièrement le gouvernement à cause de ses violations des droits de la personne. Deux caméramans de Imedi TV, qui avaient été tabassés par la police, ont dû être hospitalisés, l’un d’eux ayant été blessé gravement.
Selon les groupes de défense de la liberté de la presse, les journalistes ont été empêchés physiquement de filmer les protestations. La police a en outre confisqué et détruit plusieurs caméras de télévision.
Les deux stations de télévision d’opposition, Imedi TV et Kavkasia, ont été forcées de quitter les ondes après avoir offert une couverture étendue des manifestations et de la réponse de la police. Imedi a rapporté que la police antiémeute avait effectué une descente dans la station, et même dirigé des armes à feu sur la tête des employés. Selon le CPJ, Imedi TV appartient à Badri Patarkatsichvili, un riche financier que l’on croit être celui qui a provoqué la fermeture, par le gouvernement, de la station lorsqu’il a déclaré publiquement qu’il financerait le renversement de l’« État illégal de Géorgie ». Patarkatsichvili a déclaré qu’il pourrait être candidat à la présidence à l’élection de janvier.
Dans le sillage de la violence, en vertu de l’ordre de quinze jours de Saakachvili, les rassemblements publics et les émissions de radio et de télévision sont interdits, à l’exception du radiodiffuseur public de la Géorgie, dirigé par l’État. La BBC, CNN et d’autres radiodiffuseurs internationaux de nouvelles sont également suspendus.
Quoique les restrictions imposées aux médias ne s’appliquent pas aux journaux ou à l’Internet, Human Rights Watch rappelle que le tirage de la plupart des journaux est faible, et que seulement 7 pour 100 du pays a accès à l’Internet.
Consulter les sites suivants :
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/3yx8uf
– CPJ : http://tinyurl.com/yqvm9w
– CJES : http://www.cjes.ru/lenta/?year=2006&lang=eng
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/36ab6l
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?index=5472&Language=EN
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24300
(Photo courtoisie de l’Agence France-Presse)
(13 novembre 2007)