Il y a plus de violence contre les journalistes en Azerbaïdjan que dans tout autre ancien État soviétique, indique Reporters sans frontières (RSF). L’organisation de défense de la liberté de la presse a recensé en 2005 plus de 50 attaques, dont deux meurtres toujours non élucidés. RSF, Freedom House et le Comité pour la protection […]
Il y a plus de violence contre les journalistes en Azerbaïdjan que dans tout autre ancien État soviétique, indique Reporters sans frontières (RSF). L’organisation de défense de la liberté de la presse a recensé en 2005 plus de 50 attaques, dont deux meurtres toujours non élucidés.
RSF, Freedom House et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) expriment leur inquiétude que les autorités aient permis que s’instaure un climat d’impunité.
Plus d’un an après le meurtre de l’éminent journaliste Elmar Husseynov, personne n’a été traduit devant les tribunaux, dit le CPJ. Husseynov a été abattu le 2 mars 2005. À titre de rédacteur en chef à l’hebdomadaire d’opposition « Monitor », il se montrait extrêmement critique des politiques du président Ilham Aliyev. Selon Freedom House, les indices donnent à penser que le meurtre a été « précipité par des éléments au sein de l’administration du président ».
Un autre journaliste, Alim Kazimli, du principal quotidien d’opposition « Yeni Musavat » est décédé le 19 juin 2005 d’une hémorragie cérébrale consécutive à un passage à tabac administré par des officiers de police le 28 décembre 2004 à Bakou, rapporte RSF. Il avait prévenu les policiers qu’il allait écrire à propos de leur corruption et de leurs pratiques illégales. Son journal a été fermé par les autorités au début de 2005.
Le CPJ et RSF font remarquer que depuis le meurtre de Husseynov, deux journalistes d’opposition ont survécu à des tentatives d’assassinat. Le 5 mars 2006, trois inconnus ont enlevé Fikret Huseinli, reporter au journal d’opposition « Azadlyg ». Il a été brutalisé, poignardé et laissé pour mort. Huseinli avait reçu plusieurs menaces anonymes au téléphone après avoir publié dans le journal des articles sur des allégations de pots-de-vin qu’auraient reçus de hauts dignitaires du gouvernement.
Le 19 mai 2006, cinq inconnus ont enlevé et tabassé gravement Bakhaddin Khaziyev, rédacteur en chef du journal d’opposition « Bizim Yol », basé à Bakou. Khaziyev a été hospitalisé, souffrant de fractures et de contusions multiples. Khaziyev, qui est également vice-président du Front populaire d’Azerbaïdjan, un parti d’opposition, avait publié dans le « Bizim Yol » des articles critiquant des responsables de rang élevé du ministère de la Sécurité nationale. En réponse aux pressions nationales et internationales, le gouvernement a accepté d’ouvrir une enquête sur l’agression commise contre Khaziyev.
Alors que la constitution de l’Azerbaïdjan garantit la liberté de parole et de la presse, les journalistes qui publient des articles critiques du président ou d’autres éminents personnages sont systématiquement harcelés et poursuivis, tandis que l’autocensure se généralise, fait remarquer Freedom House. Les journaux et les médias électroniques appartenant à l’État étalent la position du gouvernement.
Les journaux indépendants et d’opposition luttent financièrement à cause de la faiblesse des tirages, des recettes publicitaires et des lourdes amendes ou de l’emprisonnement de leurs employés.
La corruption est aussi très profondément ancrée dans toute la société, et les fonctionnaires du gouvernement sont rarement tenus responsables de pratiques corrompues, dit l’organisation.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=17758
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks05/europe05/azer_05.html
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/
– Dossier récapitulatif de Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2006/01/18/azerba12226.htm
– Rapport de l’OSCE sur l’Azerbaïdjan : http://www.osce.org/documents/html/pdftohtml/15783_en.pdf.html