Depuis octobre, près de 40 stations de radio et de télévision basées à Kinshasa ont été interdites en République démocratique du Congo, dans une opération que le gouvernement qualifie d’effort pour « nettoyer la profession ». L’interdit est responsable en grande partie du nombre record de violations commises contre les journalistes et les médias dans […]
Depuis octobre, près de 40 stations de radio et de télévision basées à Kinshasa ont été interdites en République démocratique du Congo, dans une opération que le gouvernement qualifie d’effort pour « nettoyer la profession ». L’interdit est responsable en grande partie du nombre record de violations commises contre les journalistes et les médias dans le pays en 2007, indique Journaliste en Danger (JED), qui a marqué la Journée internationale des droits de la personne, le 10 décembre, par la dénonciation de la « mort programmée » des médias d’opposition.
« La situation générale de la presse est préoccupante », dit JED. « Non seulement les médias ont-ils été forcés de suivre la ligne officielle pour assurer leur survie, mais? (ceux) qui ont irrité les autorités ont déjà été réduits au silence. »
Vingt-deux chaînes de télévision et 16 stations de radio ont été frappées d’interdit depuis le 20 octobre parce qu’elles ont « omis de se conformer aux lois » qui réglementent l’industrie des médias, parce qu’elles n’ont pas payé de taxes ou parce qu’elles ne détenaient pas de permis d’exploitation valide, rapporte le ministre de l’Information, Toussaint Tshilombo.
Mais Tshilombo a admis que la décision de « nettoyer la profession » fait suite à une réunion du gouvernement qui s’est tenue en mars, le jour où les membres des Forces armées congolaises se sont violemment heurtées à des gardiens de Jean-Pierre Bemba, un ancien vice-président en exil, dirigeant rebelle et ennemi juré du président Laurent Kabila. L’interdit affecte particulièrement une chaîne de télévision et un réseau de la radio appartenant à Bemba.
Bien que plusieurs stations rapportent avoir acquitté entre-temps leurs cotisations fiscales ou soumis les documents exigés, elles n’ont toujours pas été autorisées à revenir en ondes.
« Le gouvernement ne fait rien pour régler cette terrible situation », dit JED. « Le Parlement regarde dans l’autre direction tandis que les professionnels des médias subissent le chômage et sont contraints à la mendicité. »
L’interdit de radiodiffusion est symptomatique d’une détérioration accrue de la liberté de la presse en RDC. Dans son rapport annuel, JED constate qu’un an après les élections et l’instauration de nouvelles institutions « démocratiques », le nombre des violations commises contre les journalistes et les médias s’est accru de 30 pour 100 depuis 2006. Dans 90 pour 100 des 163 cas, les institutions mêmes qui devraient protéger les journalistes sont celles-là même qui se livrent à ces attaques : la police, l’armée et les forces de sécurité d’État.
L’imposant rapport annuel de JED enquête sur les attaques contre les journalistes et les médias en RDC, ainsi que sur six autres pays d’Afrique centrale – Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Gabon et Rwanda. Le travail dans la région se fait au nom de l’Organisation des médias d’Afrique centrale, OMAC).
Télécharger le dossier ici :
http://www.jed-afrique.org/_fichiers/documents_url_26.pdf
Consulter également le site suivant :
– JED : http://www.jed-afrique.org/full_view.php?id_alerte=715
(18 décembre 2007)