(RSF/IFEX) – Le Parlement turc a adopté, le 8 décembre 2000, une « loi sur la libération conditionnelle et l’ajournement des peines » qui devrait permettre la libération de près de la moitié des prisonniers turcs, soit plus de 30 000 détenus. Le président de la République, Ahmet Necdet Sezer, a maintenant quinze jours pour signer cette […]
(RSF/IFEX) – Le Parlement turc a adopté, le 8 décembre 2000, une « loi sur la libération conditionnelle et l’ajournement des peines » qui devrait permettre la libération de près de la moitié des prisonniers turcs, soit plus de 30 000 détenus. Le président de la République, Ahmet Necdet Sezer, a maintenant quinze jours pour signer cette loi ou pour s’y opposer. RSF ne peut qu’encourager toute loi visant à libérer des journalistes emprisonnés uniquement pour avoir exprimé leurs opinions mais ne peut accepter l’idée que des assassins de journalistes soient remis en liberté. « Il nous semble, en effet, inadmissible de mettre sur le même plan un journaliste qui n’a fait qu’exercer son droit d’informer librement et un assassin », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous espérons ainsi que le président opposera son veto afin que le texte soit réexaminé dans un sens plus juste, en particulier pour les familles de victimes », a-t-il ajouté.
Une annexe de cette loi dite d’amnistie permettrait la libération d’auteurs de discours qui n’ont pas été publiés dans la presse, comme c’est le cas pour Yalçin Küçük, éditorialiste de l’hebdomadaire de gauche « Hepileri », qui avait été arrêté en octobre 1998 et condamné à dix ans et trois mois de prison. Cette loi permettrait également la libération de plusieurs journalistes condamnés en vertu de l’article 169 du code pénal pour « aide à une organisation illégale ».
En revanche, cette loi permettrait de remettre en liberté tous les prisonniers condamnés à des peines de prison de moins de dix ans, y compris dans les cas de condamnations pour meurtre. Selon cette disposition, Mehmet Ali Agça, auteur de l’assassinat d’Abdi Ipekçi, directeur de la publication du quotidien « Milliyet », en 1979, serait remis en liberté. De même, les cinq policiers condamnés pour le meurtre en 1996, de Metin Göktepe, reporter du quotidien « Evrensel », ne purgeraient pas la fin de leur peine.
Par ailleurs, une autre disposition permettrait la suspension des procédures engagées à l’encontre des assassins présumés de deux journalistes. Ugur Mumcu et Ahmet Taner Kislali, tous deux éditorialistes du quotidien kémaliste de gauche « Cumhuriyet », avaient
été respectivement assassinés en 1993 et 1999.
L’organisation rappelle que quatre journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie, Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche « Hepileri », Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche « Özgür Gündem », Asiye Zeybek Güzel, de l’hebdomadaire d’extrême gauche « Atilim », et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste « Selam ». Soixante-cinq autres sont également détenus sans qu’il soit possible d’affirmer qu’ils le sont pour leur activité journalistique ou pour leurs opinions.