Le dernier journaliste encore en prison, Niran Malaolu, a été grâcié et libéré le 4 mars, apprend-on de groupes nigérians, du Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) et de Reporters sans frontières (RSF). Malaolu, rédacteur en chef adjoint du journal « The Diet », a été libéré d’une condamnation à quinze ans d’emprisonnement après […]
Le dernier journaliste encore en prison, Niran Malaolu, a été grâcié et libéré le 4 mars, apprend-on de groupes nigérians, du Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) et de Reporters sans frontières (RSF). Malaolu, rédacteur en chef adjoint du journal « The Diet », a été libéré d’une condamnation à quinze ans d’emprisonnement après avoir été détenu depuis décembre 1997 pour avoir publié un reportage sur une tentative alléguée de coup d’État. Selon RSF, en plus de Malaolu, 95 autres prisonniers trouvés coupables d’avoir participé à la tentative alléguée de coup d’État contre l’ancien dirigeant, le général Sani Abacha, ont aussi obtenu leur grâce. « Cette décision confirme l’engagement du Nigéria sur le chemin de la démocratie et le respect de la liberté de la presse », déclare RSF dans une déclaration du 4 mars, où on constate que Malaolu était le dernier journaliste encore incarcéré.
Les groupes que la liberté d’expression au Nigéria préoccupe font observer que le nouveau Président du pays, le général à la retraite Olusegun Obasanjo, élu le 28 février, est le père d’un grand nombre des lois répressives sur les médias en vigueur dans le pays, adoptées pendant sa présidence, dans les années 70. Obasanjo est également le premier dirigeant à avoir jamais interdit des entreprises de presse.
Selon un communiqué de RSF du 5 mars, Tenent Akenzua et Richard Amayo, qui sont respectivement directeur général et rédacteur en chef du « Nigerian Observer », propriété du gouvernement nigérian dont le siège social est à Benin City, ont été suspendus. Ils sont accusés d’avoir publié des informations sur les critiques formulées par les observateurs lors des élections législatives de février. Selon un porte-parole officiel du gouvernement nigérian, les journalistes ont été suspendus à cause de « certains aspects de leurs articles » et de « leur total mépris des intérêts et de la sécurité du pays ».
Le 24 février, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a publié un rapport spécial intitulé « Outliving Abacha: Six Journalists’ Prison Stories » [Ils ont survécu à Abacha : La vie en prison de six journalistes], qui décrit les horreurs que les journalistes nigérians ont subies en prison sous le régime militaire. D’après le CPJ, « malgré ses promesses d’élection démocratique et de transition vers la démocratie, le général Abdulsalami Abubakar n’a pas pris les mesures nécessaires pour s’assurer de révoquer les lois répressives qui servent à incriminer les médias indépendants ». Le dossier du CPJ raconte des témoignages de première main de journalistes emprisonnés à cause de leur travail : Kunle Ajibade, Christine Anyanwu, Ben Charles-Obi, George M’bah, Onome Osifo-Whiskey et Babafemi Ojudu. La coordonnatrice des affaires africaines du CPJ, Kakuna Kerina, a appelé à l’abrogation de « tous les décrets et toutes les lois qui ont servi à réprimer de très nombreux journalistes », notamment le décret no 2 de 1984 sur la sécurité de l’État (Détention des personnes), qui autorise la détention au secret de tout citoyen, pendant une période indéfinie; le décret no 35 de 1993 sur les publications injurieuses (Proscription), qui permet à l’État de saisir toute publication qui porte ombrage au gouvernement; et le décret no 29 de 1993 sur la trahison et les délits de trahison, qui donne aux tribunaux militaires le pouvoir d’imposer des peines d’emprisonnement à perpétuité aux journalistes accusés d’avoir écrit sur la tentative de coup d’État qui aurait été ourdie contre Abacha. On peut se procurer le rapport sur le site web du CPJ à l’adresse http://www.cpj.org. »>http://www.cpj.org »>http://www.cpj.org.
ARTICLE 19 et le groupe Media Rights Agenda (MRA) organisent à Lagos du 16 au 18 mars un atelier intitulé « Media Laws Reform » [réforme des lois sur les médias]. On tentera de trouver des solutions à la situation créée par les décrets. ARTICLE 19 affirme que ce sera « le premier forum international depuis très longtemps au Nigéria à se pencher sur les droits de la personne ». Vont se rencontrer des organisations non gouvernementales, des artisans des médias, des juristes, des représentants des gouvernements et un représentant inter-gouvernemental. Prendront la parole Glenys Kinnock, députée au Parlement européen; Abid Hussein, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression; John Nwodo Junior, ministre nigérian de l’Information et de la Culture; le professeur A.H. Yadudu, conseiller spécial du Chef de l’État pour les questions juridiques; et John Manyarara, ancien juge de la Haute Cour du Zimbabwe. Selon ARTICLE 19, « l’atelier insistera sur les nombreuses entraves juridiques auxquelles se heurte la liberté d’expression au Nigéria, qui empêche la presse de jouer son rôle vital, à savoir informer la société civile et susciter le débat. Ces entraves se traduisent par un arsenal de lois et de décrets qui n’ont pas encore été révisés pour les adapter aux normes internationales ».