RSF et 11 autres organisations non gouvernementales demandent dans une lettre ouverte au président Mohamed Ould Abdel Aziz d’utiliser ses prérogatives pour mettre fin à la détention illégale du blogueur mauritanien incarcéré depuis 2014.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 21 juin 2019.
Alors que Mohamed Ould Abdel Aziz laissera prochainement son fauteuil de chef d’Etat à l’issue du scrutin présidentiel de ce samedi 22 juin auquel il ne peut pas se représenter, Reporters sans frontières (RSF) et 11 autres organisations non gouvernementales rendent publique une lettre lui demandant de remettre en liberté un blogueur détenu depuis plus de 5 ans.
Le calvaire de Mohamed Cheikh Ould Mohamed Mkhaïtir va-t-il prendre fin dans les prochaines semaines? RSF et 11 autres organisations non gouvernementales demandent dans une lettre ouverte au président Mohamed Ould Abdel Aziz (voir ci-dessous) d’utiliser ses prérogatives pour mettre fin à la détention illégale du blogueur mauritanien incarcéré depuis 2014.
Le journaliste-citoyen avait initialement été condamné à mort pour apostasie à la suite d’un article dans lequel il dénonçait l’instrumentalisation de la religion pour justifier des pratiques discriminatoires contre la caste des forgerons à laquelle il appartient. Sa peine avait ensuite été commuée en appel à deux ans de prison en novembre 2017. Libérable depuis plus d’un an et demi, le blogueur est maintenu en détention au secret et à l’isolement sans que ses avocats ne puissent lui rendre visite.
“La détention de ce blogueur au mépris de décisions rendues par la justice mauritanienne elle-même est injustifiable, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Le président mauritanien peut encore utiliser les quelques semaines qui lui restent à la tête du pays pour mettre fin à la détention illégale de Mohamed Mkhaïtir sans quoi son bilan après onze années au pouvoir s’en trouverait fortement assombri”.
Empêché par la constitution de se présenter pour un troisième mandat, Mohamed Ould Abdel Aziz ne figurera pas sur les bulletins de vote du scrutin présidentiel du 22 juin. Le mandat du chef de l’Etat sortant prendra fin le 1er août après un éventuel second tour prévu le 6 juillet.
RSF avait récemment dénoncé la détention de deux autres blogueurs incarcérés après avoir relayé des informations concernant une somme d’argent qui aurait été placée par des proches du président mauritanien puis gelée aux Emirats arabes unis. Ils ont finalement été libéré le 3 juin après deux mois et demi de prison.
La Mauritanie a perdu 22 places, soit l’une des plus lourdes chutes dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2019. Elle occupe désormais la 94e position sur 180 pays.