Vingt-quatre groupes membres de l’IFEX et organisations partenaires ont signé une lettre dans laquelle ils appellent le président de l’Égypte, Hosni Moubarak, à donner suite à la promesse qu’il a faite en 2004 d’abolir les peines de prison pour tous les délits de presse. Dans la lettre à Moubarak, les groupes de défense de la […]
Vingt-quatre groupes membres de l’IFEX et organisations partenaires ont signé une lettre dans laquelle ils appellent le président de l’Égypte, Hosni Moubarak, à donner suite à la promesse qu’il a faite en 2004 d’abolir les peines de prison pour tous les délits de presse.
Dans la lettre à Moubarak, les groupes de défense de la libre expression déclarent que même si une loi adoptée l’an retire les peines de prison pour insultes aux fonctionnaires, les personnes inculpées d’insulte au président et aux chefs d’État étrangers peuvent toujours être emprisonnées. En 2004, Moubarak s’était engagé à abolir les peines de prison pour tous les délits de presse.
Aux termes de la nouvelle loi, les journalistes reconnus coupables de publier de « fausses » nouvelles, de diffamer le président et les chefs d’État étrangers, et d’insulter les institutions d’État comme le parlement, la magistrature et les forces armées sont passibles de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans. Ils sont passibles également d’amendes pouvant atteindre 40 000 livres égyptiennes (7 000 $ US).
Dans un cas notable, Ibrahim Issa, rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant « Al-Dostour », et le reporter Sahar Zaki ont été condamnés chacun à un an de prison et à verser une amende de 10 000 livres égyptiennes (1 750 $ US) parce qu’ils auraient insulté le président. La culpabilité découle d’un article paru en avril 2005 dans « Al-Dostour », dans lequel on faisait état des efforts d’un juriste égyptien pour traduire Moubarak et sa famille devant un tribunal sur la foi d’allégations de corruption, notamment de détournement de l’aide étrangère.
Dans une autre affaire, Issa et les rédacteurs de trois autres journaux indépendants – Abdel Halim Kandeel de « Al-Karama », Adel Hamoda de « Al Fagr » et Wael El Abrashi de « Soat Al-Ommah » – risquent des chefs d’inculpation susceptibles de les mener en prison. Un avocat proche du parti au pouvoir, le Parti démocratique national, a déposé une plainte contre eux parce qu’ils auraient insulté le président Moubarak et plusieurs hauts dignitaires.
Les poursuites en diffamation semblent viser les journaux indépendants ou contrôlés par l’opposition, indiquent les groupes locaux membres de l’IFEX, l’Organisation égyptienne de défense des droits de la personne (Egyptian Organization for Human Rights, EOHR), le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, HRInfo) et l’Institut du Caire pour les études sur les droits de la personne (Cairo Institute for Human Rights Studies, CIHRS). Jusqu’à maintenant, pas un seul rédacteur d’un journal administré par l’État n’a été accusé d’avoir insulté un dirigeant d’un parti d’opposition.
Dans leur lettre à Moubarak, les 23 organisations de défense de la libre expression recommandent de mettre sur pied un comité composé de législateurs, de juristes experts et de procureurs spécialisés dans les droits de la personne, pour passer en revue la législation sur la liberté de la presse, de façon à rendre les lois de l’Égypte conformes aux normes internationales concernant la libre expression.
Consulter les sites suivants :
– Lettre d’action conjointe de l’IFEX : http://ifex.org/en/content/view/full/80254/
– La nouvelle loi menace toujours la liberté de la presse : http://www.cpj.org/news/2006/mideast/egypt12julyr06na.html
– CIHRS : http://www.cihrs.org/Default_en.aspx
– EOHR : http://www.eohr.org/report/2006/re0821.shtml
– HRinfo : http://www.hrinfo.net/en/
(Photo: Ibrahim Issa)