(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre la prochaine incarcération de Fikret Baskaya, éditorialiste et universitaire condamné à une peine de un an et quatre mois de prison, et celle du journaliste Zeynel Abidin Kizilyaprak, également condamné à un an et quatre mois de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre la prochaine incarcération de Fikret Baskaya, éditorialiste et universitaire condamné à une peine de un an et quatre mois de prison, et celle du journaliste Zeynel Abidin Kizilyaprak, également condamné à un an et quatre mois de prison.
« En punissant de prison la simple expression d’une opinion, la justice turque ferme brutalement la porte à toute évolution vers les standards européens et donc à tout rapprochement avec l’Union européenne », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’intervenir pour que les autorités judiciaires sursoient à l’exécution des peines de prison de Fikret Baskaya et de Zeynel Abidin Kizilyaprak. Par ailleurs, nous demandons à nouveau la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes Asiye Zeybek Güzel, Hasan Özgün, Mustafa Benli et Kemal Evcimen, et un procès juste et équitable pour le journaliste Nureddin Sirin », a ajouté M. Ménard. (Consulter les alertes de l’IFEX du 18 avril et 7 mars 2001, 22 et 20 décembre 2000, et 7 décembre 1999.)
Selon les informations recueillies par RSF, Baskaya a été condamné par la Cour de sûreté d’État à une peine de un an et quatre mois de prison pour « propagande séparatiste par voie de presse » sur la base de l’article 8/1 de la loi relative à la lutte contre le terrorisme, peine confirmée par la Cour de cassation le 26 janvier 2001. L’exécution de sa peine a été ajournée au 29 juin suite à une requête de son avocat. A cette date, Baskaya sera incarcéré. L’éditorialiste avait écrit, dans un article intitulé « Est-ce un procès historique ? », publié le 1er juin 1999 dans le quotidien prokurde « Özgür Bakis », que « les dirigeants turcs ont toujours considéré le problème kurde comme un problème d’ordre public alors qu’il s’agit d’un problème national, et ont pensé pouvoir résoudre le problème en appliquant une politique chauvine, raciste et nationaliste ».
Kizilyaprak, éditeur d’un supplément du quotidien « Özgür Bakis » intitulé « De 1900 à l’an 2000, les Kurdes », a été condamné à un an et quatre mois de prison et à une amende de 1,612 milliard de livres turques (environ 1700 euros), peine confirmée par la Cour de cassation le 14 mai. Le journaliste a été reconnu coupable de tenir des « propos séparatistes », condamnés au titre de l’article 8 de la loi antiterroriste. Le supplément avait été saisi avant même sa distribution le 2 février 2000. Le journaliste devrait entrer en prison en juin 2001.
RSF a rappelé que dans son dernier « Rapport régulier sur les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de l’adhésion », la Commission européenne a estimé que « la situation en matière de liberté d’expression restait inquiétante » et que le rapprochement de la Turquie et de l’Union européenne était lié au respect de ses engagements en matière de droits de l’homme, et notamment au respect de l’article 10 de la Convention européenne qui garantit la libre expression, et le droit d’informer et d’être informé.
RSF a adressé une copie de son courrier au président de la Commission européenne et aux députés européens membres de la délégation du Parlement européen en visite en Turquie le 6 mai.