La plupart des journalistes vietnamiens refusent de défier la mainmise du gouvernement sur les médias, déclare lâInstitut international de la presse (IIP) dans son âIPI Reportâ (troisième trimestre 1998), malgré lâévolution vers une économie de marché entamée en 1989. Dans un article intitulé âLa prudence de la presse au Vietnamâ, portant en sous-titre âNous avons […]
La plupart des journalistes vietnamiens refusent de défier la mainmise du gouvernement sur les
médias, déclare lâInstitut international de la presse (IIP) dans son âIPI Reportâ (troisième
trimestre 1998), malgré lâévolution vers une économie de marché entamée en 1989. Dans un
article intitulé âLa prudence de la presse au Vietnamâ, portant en sous-titre âNous avons toute la
liberté quâil nous fautâ, David Lamb souligne quâil nâest pas âétonnant que le gouvernement
communiste de Hanoi garde la haute main sur la circulation de lâinformation […] La dernière
chose que veut Hanoi, câest bien des journalistes fringants et audacieux, décidés à pratiquer du
vrai journalismeâ. Les journalistes peuvent être accusés de trahison sâils dévoilent des
âinformations délicatesâ, ce qui, selon lâIIP, âpourrait aller du prix de la graine de café à la
corruption au service des douanesâ. Les médias nâont pas le droit dâaborder la vie privée des
gens, et nâont donc jamais parlé du récent scandale à caractère sexuel auquel est mêlé le Président
Bill Clinton et qui a fait la une des journaux du monde entier. Le gouvernement nâa cependant pas
trop à sâen faire, dit lâIIP, car la plupart des journalistes adhèrent au principe voulant quâils
travaillent pour le bien public, donc du gouvernement.
LâIIP rapporte que certains journalistes ont plus de franc-parler que dâautres, comme Nguyen
Duc Tuan, directeur de âLao Dongâ (âLe Travailâ), selon qui âautrefois, nous nâavions tout
simplement pas de nouvelles. Maintenant, les reporters aiment voir jusquâà quel point ils peuvent
aller pour obtenir la publication de leurs reportagesâ. Lâautocensure nâempêche pas les reporters
de parler de la âchute des exportations, des pannes générales dâélectricité dans les villes, de
lâinflation galopante, de la corruption effrénée, de lâusage des drogues chez les adolescents, de la
contrebande et de la prostitutionâ. LâIIP conclut ainsi : âdâune manière générale, il nâest pas plus
dangereux aujourdâhui dâêtre journaliste au Vietnam que dâêtre conducteur de tricycle ou
enseignantâ.
Reporters sans frontières (RSF), lâAssociation mondiale des journaux (AMJ) et le Comité des
écrivains en prison du PEN International (WiPC) rapportent quâun grand nombre de journalistes,
dâécrivains et de poètes vietnamiens ont été remis en liberté en vertu dâune amnistie proclamée en
août dernier. RSF signale que le journaliste Nguyen Hoang Linh a été traduit devant les tribunaux
en octobre pour avoir ânui aux intérêts de lâÃtat, à lâorganisation sociale et aux citoyensâ, après
avoir dévoilé en 1997 la corruption parmi les échelons supérieurs du service des douanes. Un
journaliste libéré récemment, Doan Viet Hoat, a déclaré devant le conseil dâadministration de
lâAMJ à Beyrouth les 23 et 24 novembre que âles pressions internationales avaient eu des
conséquences non seulement sur leurs conditions de détention, mais quâils leur devaient en grande
partie leur libérationâ. Un rapport sur les conditions de détention, abominables, des prisons
vietnamiennes, que Doan Viet Hoat a rédigé clandestinement pendant son incarcération, est sorti
de prison et a été publié dans le monde entier, ce qui amené les autorités à améliorer les
conditions dâexistence des détenus.