Le 8 mars 1999, Journée internationale des femmes, le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) soulignera tout particulièrement les cas de quatre femmes journalistes en butte à la persécution et qui pourraient bénéficier d’un peu de publicité. Les cas de ces journalistes, deux en Bulgarie, une au Pakistan et une au Koweït, […]
Le 8 mars 1999, Journée internationale des femmes, le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) soulignera tout particulièrement les cas de quatre femmes journalistes en butte à la persécution et qui pourraient bénéficier d’un peu de publicité. Les cas de ces journalistes, deux en Bulgarie, une au Pakistan et une au Koweït, « servent à illustrer la diversité des formes que prennent les atteintes à la liberté d’expression, dans trois situations différentes », dit le WiPC. Les journalistes en cause sont : en Bulgarie, Yovka Atanassova et Tatiana Vaksberg; au Pakistan, Najida Sara Bibi, qui est de nationalité afghane; et au Koweït, Ibtisam Berto Sulaiman Al-Dakhil.
La journaliste Ibtisam Berto Sulaiman Al-Dakhil purge à l’heure actuelle une peine d’emprisonnement à vie au Koweït. Elle travaillait pour le journal koweïtien « al-Qabas » au moment où il a été fermé, lors de l’invasion irakienne de 1990. Le journal avait alors été remplacé par un journal contrôlé par l’Irak, « al-Nida ». Comme le fait remarquer le WiPC, « bien qu’elle ne voulût pas collaborer avec les troupes d’occupation, on ne lui aurait apparemment pas donné le choix : elle a été détenue deux fois et déclare qu’on lui a dit que si elle refusait de collaborer, ses enfants et elle devraient en subir les conséquences ». Après la défaite de l’Irak, le gouvernement du Koweït a poursuivi les présumés « collaborateurs », y compris les employés du journal « al-Nida ». Mme Al-Dakhil, qui est d’origine irakienne, a été, comme d’autres ressortissants irakiens, condamnée à des peines particulièrement dures. En juin 1991, avec cinq de ses collègues, elle a été condamnée à mort par un tribunal militaire, qui a par la suite commué la peine de mort en emprisonnement à vie.
Récemment au Pakistan, Najida Sara Bibi, journaliste afghane et militante féministe qui travaille comme recherchiste pour la BBC, a été harcelée et attaquée à Peshawar, dans le nord du pays, où elle vit en exil depuis huit ans. Ses agresseurs sont « des inconnus que l’on croit liés aux Talibans d’Afghanistan », qui s’attaquent à d’autres journalistes de la région depuis six mois, dit le WiPC, « apparemment parce qu’ils s’opposent aux politiques des Talibans ». Le WiPC fait remarquer que « les autorités des Talibans n’ont pas revendiqué elles-mêmes la responsabilité de ces agressions ». Le 6 octobre dernier, deux inconnus ont tiré sur elle, mais elle a réussi à s’enfuir sans être touchée. Quelques mois plus tôt, six inconnus l’avaient accostée et lui avaient demandé de renoncer à sa carrière. Elle a ensuite reçu un certain nombre de lettres de menaces, dont une, datée du 25 septembre, sur papier à en-tête du ministère afghan de l’Intérieur, et une autre du 4 octobre 1998, qui aurait été signée par le chef de l’organisation de renseignements des Talibans.
En Bulgarie, Yovka Atanassova et Tatiana Vaksberg font partie du groupe de plus de deux cents journalistes accusés de « diffamation ». Bien qu’aucun journaliste n’ait encore été emprisonné, dit le WiPC, « partout en Bulgarie on condamne la tendance des autorités politiques à recourir aux tribunaux d’instance criminelle pour faire taire la critique ». Au cours des deux dernières années, on a intenté douze poursuites judiciaires contre Mme Atanassova, rédactrice en chef du quotidien « Starozagorski Novini » de Stara Zagora. De ces douze accusations, cinq se sont conclues sur un verdict de culpabilité et des peines totalisant quatorze mois d’emprisonnement. Elle a cependant fait appel et a recouvré sa liberté. Elle avait été accusée en vertu des articles 146, 147 et 148 du Code pénal, qui prévoit une peine maximale de trois ans de prison pour insulte et diffamation. Les accusations ont trait à des articles portant sur des allégations de corruption, que Mme Atanassova a fait paraître.
Il en est de même pour Tatiana Vaksberg, journaliste de Radio Free Europe, qui est accusée en vertu des articles 146 et 148 du Code pénal. Lors d’une émission radio en octobre dernier, elle a accusé le Procureur général de la Bulgarie de permettre à des criminels d’agir en toute impunité. Régissant à cette accusation, celui-ci a lancé contre elle des accusations d' »insulte » et d' »atteinte à l’honneur et à la dignité d’une autre personne ». Le WiPC prévient qu' »on a ordonné une enquête le 14 janvier et, si les audiences du tribunal devaient commencer, [Mme Vaksberg] est passible de deux ans de prison ».
On invite les défenseurs des droits à lancer des appels en faveur de ces femmes et de les défendre dans les médias à l’approche de la Journée internationale des femmes, le 8 mars. On peut obtenir sur demande des photographies de Mmes al-Dakhil et Vaksberg. Pour plus de précisions sur ces cas, y compris des renseignements sur les appels, prière de consulter le site web de l’IFEX à l’adresse ifex.org, ou communiquer avec le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC), 9/10 Charterhouse Buildings, Goswell Road, Londres, EC1M 7AT, Royaume-Uni; téléphone : +44 1 71 253 3226; télécopieur : +44 1 71 253 5711; adresse %26#233;lectronique : intpen@gn.apc.org.